Notre rapport à cet élément indispensable à la vie qu’est l’eau, varie selon notre vécu. Dans l’existence de Mélanie, l’eau a toujours été omniprésente. Ses premiers souvenirs évoquent un bain que lui donna sa grand-mère dans un évier de cuisine, puis c’est toute une succession d’évènements qui la mènent à jouer les pirates sur le bateau de ses parents et finalement sous l’eau comme adepte de la plongée sous-marine.
Dans le cadre du 20e festival Les Casteliers, Vagues propose le récit autobiographique de Mélanie Baillairgé sur le thème de l’eau, récit sollicité par Amélie Poirier, sa compagne de création.
Mais comment montrer toute cette eau sur la scène d’un théâtre? C’est le premier des défis auxquels les deux artistes ont été confrontées. Adeptes du 11e art qu’est l’art de la marionnette, elles ont l’idée de faire voir une étendue d’eau composée de grands miroirs sans tain flexibles et d’autres plaques de formes similaires de couleur bleue, pour évoquer la substance transparente de l’eau.
Sorte de Tangram géant – ce genre de puzzle chinois qui permet de composer de multiples images –, les plaques flexibles et facilement déplaçables couvrent le sol pour être transformées, sous les mains de l’artiste, en différents éléments marins ou autres, et ainsi illustrer son discours. Celui-ci est la plupart du temps enregistré. L’artiste, presque toujours seule sur scène, chorégraphie ses gestes pendant qu’elle se raconte sur un fond musical envoûtant. Apparaissent sous nos yeux les habitants de l’eau, raie, baleine et autre requin…
Ce dernier animal symbolise tout ce qui est effrayant dans l’eau. Car Mélanie entretient un rapport ambivalent avec la substance. L’eau est à la fois l’élément qui la fait vivre, mais aussi celui qui l’attire vers sa perte.
L’ivresse des profondeurs est un sentiment que l’on risque vraiment d’éprouver lors de la pratique de la plongée. Parmi les différentes péripéties racontées, celle où la protagoniste raconte comment elle s’est retrouvée en manque d’oxygène est la plus glaçante. Non sans humour, elle prend du recul sur la manière dont elle a réagi, et finit par s’interroger, interroger sa complice et en substance interroger tout le public sur ce que sont nos requins intérieurs…
Vagues
Production : Synthèse Additive, en coproduction avec les Nouveaux Ballets
Écriture et conception : Amélie Poirier et Mélanie Baillairgé
Mise en scène : Amélie Poirier
Interprétation et scénographie : Mélanie Baillairgé
Création sonore : Anne Lepère
Vagues, dans le cadre du 20e festival Les Casteliers, le 6 mars 2025 au Théâtre aux Écuries, à Montréal