Création du Théâtre de la LNI présentée au Théâtre rouge du Conservatoire d’art dramatique de Montréal, dans une mise en scène de Simon Rousseau, qui est lui-même arbitre en chef et directeur adjoint au sein de l’iconique ligue d’improvisation, Cygnus est une pièce de théâtre entièrement improvisée.
Durée? Quatre-vingt-dix minutes. Thème et inspiration? Au choix des joueurs.
Rien n’est ainsi déterminé à l’avance, mis à part la structure du spectacle, divisé en quatre parties. Place à l’improvisation à l’état pur.
Le décor est constitué uniquement d’une pastille circulaire lumineuse entourée de fauteuils où prennent place les huit comédiens attendant d’être appelés sur scène. La lumière s’éteint devant le fauteuil de l’interprète convoqué, qui ne sait pas avec qui il va interagir.
La table est mise pour la première partie, le treillis, composé des rencontres entre les personnages. Le tout débute avec Sylvie Moreau qui menace de se venger du personnage de Francis Sasseville qui se moque d’elle… Se venger de quoi? On ne le saura pas, mais on devinera une dynamique de couple malsaine.
S’ensuit une rencontre entre Ines Talbi et Ève Lemieux, qui entre en scène à quatre pattes. Le personnage d’Ines, visiblement mal à l’aise, laisse sa compagne déambuler et la supplier de se prêter au jeu, avant de céder.
Puis, c’est Réal Bossé qui rencontre Jean-François Nadeau. La tension est palpable entre ces deux personnages qui s’avèrent être un père et un fils travaillant ensemble dans une épicerie où le père a eu une promotion.
Le cycle des rencontres se termine avec Ève Landry, qui a malencontreusement partagé ses arachides avec Pinotte, le chien qu’Alexandre Nachi lui a confié, ignorant sa mortelle allergie. Les deux amis assistent, impuissants, à la mort de l’animal de compagnie.
Une fois ces personnages établis, les comédiens s’y tiennent pour la totalité du spectacle. Ils sont rappelés deux par deux pour une deuxième série de scènes et on commence à entrevoir certains liens entre eux. L’emballeur est le frère du maître de Pinotte, celui qui se moque de sa conjointe apeurée est l’ex de celle qui propose des jeux sexuels animaliers, sa blonde est l’ex-belle-fille de l’épicier….
On retient notre souffle en se demandant comment tous ces personnages et situations pourront être reliés ensemble, car on le rappelle, les comédiens ne se consultent pas.
Le cercle lumineux s’éteint pour le cœur du spectacle, devenant un chronomètre qui se rallume graduellement, indiquant le temps qui passe. Les comédiens ont maintenant le champ libre pour créer des scènes selon leur inspiration, et relever le défi de faire de Cygnus une pièce qui se tient.
La plupart des perches tendues par les improvisateurs sont utilisées et le spectateur peut apprécier le grand sens de l’écoute dont ils font preuve. Les transitions de scènes sont sans anicroche et on assiste à des doubles et même triples scènes sans que cela ne devienne confus.
Lorsque le cercle lumineux se referme, tous sont sur scène, deux par deux, mais dans des situations qui s’entrecoupent extrêmement rapidement pour la troisième partie, le chaos. Finalement, black-out, tous se taisent, puis un seul comédien est désigné par un projecteur pour l’épilogue.
Cette pièce n’était pas écrite, n’existait pas avant la représentation et n’existe plus. C’est la beauté de l’improvisation; on a droit à un spectacle différent et unique chaque soir.