Qui dit fin de l’été dit retour en force des théâtres, chaque salle lançant sa programmation 2024-2025 dans les quelques jours coïncidant avec le retour en classe et la lente baisse des températures. Sur la rue Fullum, l’Espace libre ne fait pas exception à la règle… tout en proposant une nouvelle formule.
Dans son bureau baigné par une douce lumière d’après-midi, Félix-Antoine Boutin, directeur artistique et codirecteur général du théâtre, est particulièrement enthousiaste à l’idée de présenter sa première programmation depuis qu’il occupe ses fonctions.
« Je suis vraiment excité; cela fait un an et demi que je travaille ici… j’ai défendu une saison et demie de Geoffrey (Gaquère, l’ancien titulaire du poste, NDLR), ce qui est très chouette, parce que cela permet de comprendre comment fonctionne. Et à un certain point, un artiste, une proposition, ça reste quelque chose à défendre. Que ce soit moi qui l’aie choisi, ou pas, cela reste de belles rencontres », a-t-il déclaré en entrevue.
« Mais cette nouvelle programmation, c’est quelque chose que j’ai construit à mon arrivée, alors c’est sûr que c’est excitant de voir mon tissage s’activer. Et je suis vraiment fier des artistes qui sont là, et de leurs propositions… Je pense que cela permet de se démarquer par rapport à Geoffrey, tout en demeurant dans une continuité par rapport à la communauté du quartier, ainsi que par rapport au côté hétéroclite qu’il y a toujours eu, à l’Espace libre », a ajouté M. Boutin.
Ce dernier est clair: pas question de « rentrer dans un moule ». Dans cette perspective, le théâtre change la donne, cette année: plutôt que de présenter des spectacles « à l’unité », en quelque sorte, ou qui se répondent tous ensemble, il est question de « séries », soit des ensembles de deux ou trois spectacles réunis grâce à un thème central.
« J’ai hâte de voir si les gens vont comprendre les séries », a d’ailleurs déclaré M. Boutin.
Au-delà des « spectacles qui entreront en dialogue entre eux », dixit le communiqué de presse publié pour le lancement de la saison, qu’est-ce qui définit ces séries, justement?
« J’étais très inspiré par les cinémathèques qui réussissent à rassembler des oeuvres qui attirent le regard du spectateur. Cela permet d’être curieux… Par exemple, si nous avons une proposition intéressante, peut-être qu’il y a deux autres spectacles qui pourraient aller dans le même sens. Ici, il y avait quand même un défi, notamment parce que nous n’avons pas d’abonnés; nous avons des spectateurs qui reviennent souvent, mais pas une masse comme la plupart des théâtres. Les gens viennent avec leur communauté, ce qui est très bien, mais des membres d’une communauté, justement, ne viennent pas vraiment voir le reste de la programmation. Je voulais contribuer à déconstruire ces silos », a mentionné le directeur artistique d’Espace libre.
Multiples propositions, multiples genres
Et donc, dans cette saison 2024-2025, on retrouvera trois séries, pour un total de huit spectacles. Tout d’abord, Matières intimes, soit « trois propositions où les vies intérieures de créatrices d’exception tissent des relations avec divers matériaux et remanient notre rapport aux êtres et à nous-même ».
Ensuite vient Cinéma, soit deux adaptations de longs-métrages, l’un remontant à 1933, l’autre datant de 1963. « Ces films s’impriment en nous, laissent des traces dans nos esprits, traversent les époques. Certains sont oubliés, mais ressurgissent, au hasard, dans une autre période pour l’illuminer d’un éclairage nouveau », mentionne encore le communiqué.
Enfin, on retrouve Variétés, c’est-à-dire trois oeuvres théâtrales basées sur la formule du spectacle de variétés. « Avec cette série, nous avons voulu rendre hommage à cette forme populaire, cet art de l’instant qui a donné naissance à notre histoire théâtrale », indique-t-on.
Autre nouveauté: plutôt que de terminer sa saison à la fin du printemps, l’Espace libre va plutôt poursuivre ses activités jusqu’à la fin août, avec La grande mascarade, présentée du 12 au 23 août 2025. Après tout, qui a dit que le théâtre, l’été, devait impérativement se cantonner aux propositions à l’extérieur de Montréal?
Le dévoilement des différentes séries sera lui aussi étalé dans le temps, histoire d’alimenter l’intérêt et la curiosité du public.
Pour la suite des choses, le public est attendu dès le 17 septembre prochain pour Cher journal; une mutation, une oeuvre de Pénélope Deraîche-Dallaire et le premier spectacle de la série Matières intimes.
Félix-Antoine Boutin, lui, planche déjà sur la programmation de 2026, voire 2027… l’art ne dort jamais, après tout!