Manque d’accès à un médecin, perte d’années de scolarité, pressions pour quitter seuls leur pays d’origine… Un nouveau rapport de l’UNICEF publié vendredi révèle que les jeunes migrants ont subi de « graves privations » lors de leur périple pour tenter de trouver refuge auprès de pays ou d’organisations pouvant leur offrir l’asile.
Le rapport, écrit l’UNICEF dans une note d’information accompagnant la publication du document, s’appuie sur une analyse des renseignements recueillis au cours des trois derniers mois dans le cadre d’un sondage en ligne mené auprès de quelque 4000 jeunes qui se considèrent eux-mêmes comme étant des réfugiés ou des migrants. Les résultats du sondage font apparaître d’importantes lacunes dans le soutien et les services offerts aux jeunes déracinés.
« Alors que les politiciennes et les politiciens se querellent à propos de la migration, 4000 enfants et jeunes déracinés nous disent avoir besoin de plus de soutien. Nous devons mieux écouter et discuter avec celles et ceux dont la vie est en jeu. Comme l’indique ce sondage, les enfants déracinés peuvent nous en apprendre beaucoup sur leurs besoins et vulnérabilités lorsque nous sommes disposés à les écouter », explique Laurence Chandy, le directeur de la division de l’UNICEF en matière de données, de recherche et de politiques.
Près de 90% des répondantes et répondants venaient de pays de l’Afrique, de l’Asie et de l’Europe. Ils ont répondu à partir de pays qui envoient des migrants et des réfugiés, comme la République arabe syrienne ou l’Ukraine, par exemple, ou de pays qui les accueillent, comme l’Allemagne, la Turquie et l’Ouganda.
Rendu public quelques jours avant le Sommet intergouvernemental sur le pacte mondial pour la migration prévu à Marrakech, au Maroc, le document vise à sensibiliser ces dirigeants aux conséquences pour les enfants que peuvent avoir les politiques en matière de migration.
« La migration est inévitable, mais les dangers et la discrimination auxquels font face les enfants réfugiés et migrants n’ont pas lieu d’être. Les États ont la possibilité de rendre la migration plus sûre. Les engagements et les mesures proposés dans le Pacte mondial pour la migration, y compris le respect en tout temps de l’intérêt supérieur des enfants et l’intégration des enfants migrants dans les systèmes nationaux de protection de l’enfance, sont à la fois pratiques et réalisables. Le Pacte mondial pour la migration procure aux autorités locales et nationales un « mode d’emploi » sur les meilleures pratiques et approches pour le bien des enfants déracinés », ajoute encore M. Chandy.
Entre autres résultats du coup de sonde, on constate que 57% des répondants ont dû quitter leur pays en raison d’un conflit ou de la violence; 44% des répondants ont également dû fuir seuls. Par ailleurs, près de 60% des gens interrogés estiment avoir perdu au moins une année de scolarité. Pire encore, la moitié des répondants n’auraient pas pu voir de médecin en cas de besoin, et 38% n’ont reçu aucune aide de qui que ce soit pour trouver refuge ailleurs.
L’UNICEF « exhorte ainsi es gouvernements dans les pays d’origine, de transit ou de destination à faire passer l’intérêt supérieur des enfants en priorité lors de l’élaboration et de l’application des politiques et procédures en matière de migration, à garder les familles réunies, à mettre fin à la détention d’enfants et de familles migrants, et à adhérer au principe du non-refoulement ».
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