The New York Times
L’appel à la mobilisation sous la forme d’un mémo. Marjorie Pritchard, l’éditrice adjointe du Boston Globe, a contacté les conseils d’administration d’autres journaux, la semaine dernière. « Nous proposons de publier un éditorial, le 16 août, sur les dangers de l’assaut de cette administration contre la presse, et demandons aux autres journaux de s’engager à publier leur propre éditorial à pareille date », lisait-on dans la note.
En date de mardi, plus de 200 journaux avaient relevé le défi.
Les démarches du Globe pour rallier des éditorialistes de partout aux États-Unis surviennent après que le président Trump eut multiplié les attaques contre les médias.
Lors d’un récent rallye en Pennsylvanie, M. Trump a pointé vers un groupe de journalistes couvrant l’événement, a déclaré « qu’ils ne font qu’inventer des choses », puis les a qualifié de « fausses nouvelles dégoûtantes ». Sur Twitter, il a rappelé le souvenir de la phrase « ennemis du peuple » pour décrire « la majorité des médias » et « les médias des Fake News ».
Le mois dernier, lors d’une conférence de presse au Royaume-Uni, il a refusé d’accepter la question du correspondant de CNN, Jim Acosta, en affirmant que « CNN sont des Fake News. Je ne prends pas de question de CNN ». Une semaine plus tard, la Maison-Blanche a empêché une autre journaliste de CNN, Kaitlan Collins, de participer à un événement public du président dans le Rose Garden, après qu’elle eut posé des questions lors d’une prise de photos, plus tôt dans la journée.
« Ennemis du peuple »
« Nous ne sommes pas les ennemis du peuple », a indiqué Mme Pritchard en entrevue. Selon la responsable des pages opinion du Globe, « nous avons pensé qu’un effort coordonné à travers les États-Unis enverrait un message fort à propos de l’importance d’une presse libre ».
Parmi les journaux participant à cette démarche, on compte des quotidiens tels que le Houston Chronicle et le Miami Herald, ainsi que des publications à la distribution plus réduite, comme The Oakridger à Oak Ridge, au Tennessee, ainsi que le Griggs County Courier et le Steele Country Press dans le Dakota du Nord.
Chaque journal préparera son propre éditorial, qui sera publié jeudi.
James Bennet, le responsable de la page éditoriale du New York Times, a évoqué la position de l’éditeur du quotidien new-yorkais, A. G. Sulzberger, pour expliquer la raison pour laquelle le journal participe à l’initiative. « Notre éditeur a explicitement présenté sa position sur cette question, et à une époque où les journaux du pays subissent de fortes pressions commerciales et politiques, nous pensons qu’il est important de faire preuve de solidarité », a dit M. Bennet.
Le mois dernier, MM. Trump et Sulzberger se sont rencontrés pour une discussion off the record à la Maison-Blanche. Le président a rendu la rencontre publique dans un message sur Twitter plus d’une semaine plus tard, affirmant que les deux hommes avaient discuté « de la grande quantité de fausses nouvelles publiées par les médias ». M. Sulzberger a répondu par voie de communiqué, disant qu’il considérait que le langage de M. Trump « suscitait non seulement la division, mais était de plus en plus dangereux ».
Mme Pritchard espère que les éditoriaux attireront l’attention sur la façon dont la rhétorique présidentielle avait affecté la politique.
« Nous sommes décrits comme un ennemi national, plutôt que comme des concitoyens dont la profession consiste à tenir les responsables imputables », a-t-elle dit. « Ce projet n’est pas anti-Trump, mais plutôt pro-journalisme. »
En complément:
https://www.pieuvre.ca/2018/07/30/trump-dans-une-guerre-de-mots-avec-le-new-york-times-sur-les-fausses-nouvelles/
Un commentaire
Messieurs, dans l’article intitulé : La presse américaine contre la rhétorique de Donald Trump, l’équivalent français correct de : off the record est : officieusement.
Jean-Noel Huard