The New York Times
Un homme armé d’un fusil à pompe et de grenades fumigènes a attaqué la salle des nouvelles d’un journal connu à Annapolis, la capitale du Maryland, jeudi après-midi, tuant cinq employés, dont le rédacteur en chef et trois autres journalistes, en plus de faire deux blessés et de pousser les autorités de l’ensemble des États-Unis à offrir une protection policière à différentes organisations médiatiques.
Le suspect, identifié comme étant Jarrod W. Ramos, 38 ans, a été arrêté sur les lieux. Cela fait plusieurs années qu’il était en conflit avec la Capital Gazette, qui publie une série de journaux locaux le long de la côte du Maryland, poursuivant des journalistes pour diffamation et menant une campagne sur les médias sociaux contre les reporters et la publication.
« C’était une attaque qui visait spécifiquement la Capital Gazette« , a affirmé le chef de police adjoint William Krampf. « Cet individu était prêt à abattre des gens. Il voulait faire du mal. »
L’attaque terrifiante a été couverte en temps réel par certains des journalistes qui étaient visés. Un stagiaire embauché pour l’été, Anthony Messenger, a publié sur Twitter un message où l’on pouvait voir l’adresse des bureaux du journal et le message « s’il vous plaît, aidez-nous ». Un journaliste affecté aux faits divers, Phil Davis, a décrit de quelle façon le tireur a « ouvert le feu à travers la porte vitrée donnant sur les bureaux » avant de cibler les journalistes.
« Il n’y a rien de plus terrifiant que d’entendre plusieurs personnes être touchées par des balles tandis que vous vous cachez sous votre bureau, puis d’entendre le tireur recharger son arme », a écrit M. Davis.
Pour un pays habitué aux fusillades, il s’agit d’une nouvelle étape dans la violence. Les écoles sont devenues des cibles pour les tireurs, alors que des étudiants universitaires comme des jeunes écoliers sont abattus. Un cinéma a été mitraillé. Tout comme des églises. Mais il s’agit d’une rare attaque contre une organisation médiatique, l’une des plus vieilles des États-Unis, dont ses racines remontent au 18e siècle, et qui se vante, sur son site web, d’avoir combattu la taxe qui a aidé à déclencher la Révolution américaine.
Le tireur a gardé le silence alors qu’il arpentait la salle de presse, s’arrêtant une fois pour recharger alors que les journalistes se terraient sous leur bureau, a précisé M. Davis lors d’une entrevue téléphonique. Une fois la police arrivée sur les lieux, les membres du personnel ont levé les mains en l’air en criant « ce n’est pas nous! », s’est rappelé le reporter. L’assaillant se cachait lui-même sous un bureau lorsque la police a investi les lieux. Il n’a pas échangé de tirs avec les autorités avant d’être arrêté.
Poursuite et haine
En juillet 2012, M. Ramos a intenté une poursuite en diffamation contre Capital Gazette Communications, son rédacteur en chef et son éditeur de l’époque, ainsi qu’un ancien journaliste, en affirmant que sa réputation avait été entachée après que le journal eut publié un article, l’année précédente, à propos du plaidoyer de culpabilité de M. Ramos dans le cadre d’une affaire de harcèlement. Trois mois plus tard, il a déposé une nouvelle plainte, cette fois pour violation de sa vie privée.
La poursuite a par la suite été rejetée après que le plaignant eut été incapable d’avancer des preuves pour étayer ses accusations. Il a également perdu en appel, deux ans plus tard.
M. Ramos s’est représenté lui-même, et selon un procès verbal rédigé en appel, ne semblait pas comprendre les principes de la loi sur la diffamation.
Selon l’article au coeur de la poursuite, M. Ramos a harcelé une ancienne camarade de classe pendant près d’un an, allant jusqu’à lui dire de s’enlever la vie. Il a plaidé coupable de harcèlement en juillet 2011 et a été condamné à une probation sous supervision de 18 mois, en plus de devoir suivre une thérapie.
La police aux aguets
La fusillade de jeudi a poussé les autorités à travers les États-Unis à protéger les organisations médiatiques. Au fil de la journée, toutefois, les enquêteurs cherchaient à savoir si l’attaque était un acte isolé.
Le président Donald Trump a écrit sur Twitter qu’il avait été informé des événements. « Mes pensées et mes prières vont aux victimes et aux familles »‘ a-t-il dit. Sa porte-parole, Sarah Huckabee Sanders, a par la suite écrit qu’elle « condamnait fermement l’acte haineux de violence insensée à Annapolis. Une attaque violente contre des journalistes innocents accomplissant leur travail est une attaque contre tous les Américains ».
Considérée comme un endroit idéal pour débuter dans le métier, la Capital Gazette a déjà employé près de 250 personnes. Au moment de la fusillade, on ne comptait plus qu’une vingtaine de journalistes et autres membres du personnel.
Alors que les autorités continuaient de chercher des indices dans la salle des nouvelles, le journal a annoncé jeudi qu’il publierait une édition vendredi.
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