Le président américain Donald Trump est intervenu lundi dans la course à l’investiture républicaine en vue de l’élection sénatoriale en Virginie occidentale, demandant aux électeurs, un jour avant le vote, de s’opposer à l’ancien roi du charbon Don Blankenship, et révélant l’anxiété des républicains à propos de la possibilité de perdre une autre course dans un État « rouge ».
Comme l’écrit le New York Times, le choix de M. Trump de s’exprimer survient après que le sénateur Mitch McConnell du Kentucky, visé par des attaques de M. Blankenship en raison de l’ethnicité de son épouse, a pressé le président de se prononcer à l’encontre de la candidature de l’ancien homme d’affaires, selon des responsables républicains au fait des échanges dans cette affaire.
M. Trump a rapidement obtempéré, suggérant dans un tweet qu’une victoire de cet outsider mènerait à une répétition de la défaite gênante de Roy Moore, l’an dernier en Alabama, alors considéré comme une forteresse républicaine.
Ces manoeuvres de la part des dirigeants du parti surviennent avant qu’une poignée d’États, y compris l’Indiana, l’Ohio et la Virginie occidentale, tiennent des courses à l’investiture, mardi. Des leaders républicains de plus en plus nerveux veulent désigner des candidats qui aideront le parti à conserver le contrôle du Congrès lors des élections de mi-mandat, cet automne.
Selon le président, si M. Blankenship est candidat, cela équivaudra à donner la victoire au candidat sortant, Joe Manchin III, que les républicains considèrent comme le démocrate le plus facile à déloger au Sénat. M. Blankenship, l’ancien président de Massey Energy, a passé un an dans une prison fédérale après avoir été reconnu coupable d’avoir violé les règles de sécurité minières en lien avec un désastre survenu en 2010 qui a fait 29 morts.
Le tweet présidentiel de lundi était aussi un cadeau au représentant Evan Jenkins et au procureur général Patrick Morrisey, les deux adversaires républicains de M. Blankenship, dans un État aisément gagné par M. Trump en 2016, et dans lequel il conserve une popularité certaine.
Les deux hommes ont sauté sur l’occasion de partager les commentaires du président, les incluant dans leurs derniers discours électoraux, diffusant de nouvelles publicités et enregistrant de nouveaux appels téléphoniques automatisés.
« Trump ne me connaît pas »
Répondant par communiqué à la déclaration de M. Trump, M. Blankenship a rétorqué que le président « est un homme très occupé qui ne me connaît pas, et qui ne connaît pas les nombreux défauts de mes deux adversaires dans cette course ». Il a ajouté que « l’establishment lui fournit des informations erronées parce qu’ils ne veulent pas que je sois au Sénat pour promouvoir l’ordre du jour présidentiel ».
Le fait que M. Trump s’implique dans la course témoigne des peurs des responsables du parti à propos de la possibilité d’une victoire de M. Blankenship.
Le président s’est senti lâché par les républicains lorsqu’il s’est intéressé à d’autres courses, et où ses candidats préférés ont été battus. Une victoire de M. Blankenship serait particulièrement gênante pour M. Trump, survenant dans la foulée de son incapacité à aider aux victoires de candidats en Pennsylvanie, cette année, ainsi qu’en Alabama, en décembre dernier.
La course pourrait toutefois être suffisamment serrée pour que l’intervention de dernière minute du président soit en mesure de changer la donne et faire dérailler la campagne de M. Blankenship, une manoeuvre qui soulignerait l’influence de M. Trump sur sa base électorale.
Voilà une semaine que des conseillers de la Maison-Blanche et des sénateurs républicains discutent de la pertinence d’une intervention présidentielle, avant de finir par s’entendre que M. Trump devrait agir s’il devenait clair que M. Blankenship pourrait l’emporter, selon des responsables au fait du dossier.
Vendredi, lorsque des responsables du parti ont reçu des données internes démontrant que M. Blankenship était toujours dans la course, ils ont accru la pression sur M. Trump pour que celui-ci se prononce contre l’ancien roi du charbon, qui est toujours sous probation.
Bien que le président soit volontairement intervenu dans la course à l’investiture, certains conseillers de la West Wing de la Maison-Blanche croient que le combat tourne en fait autour de M. McConnell, le leader de la majorité républicaine, plutôt qu’autour du président. Et ces conseillers ont quelque peu grincé des dents dans les heures suivant la publication du tweet, estimant que certains législateurs républicains, y compris M. McConnell, n’étaient pas constants en matière d’intervention présidentielle dans les courses à l’investiture.
Attaques raciales
Ces dernières semaines, M. Blankenship a puisé dans ses propres poches pour diffuser une série de publicités incendiaires ciblant la famille de M. McConnell, qui est marié à la secrétaire aux Transports Elaine Chao.
« Le capitaine du marais Mitch McConnell a créé des millions d’emplois pour les Chinois », a dit M. Blankenship dans une publicité, dans une référence à la compagnie de transport maritime du beau-père de M. McConnell. M. Blankenship a également fait référence à ce même beau-père, un citoyen américain, comme à un « Chinois aux poches profondes ».
Par ailleurs, M. Blankenship a surnommé M. McConnell « Cocaine Mitch », en lien avec des allégations quelque peu tirées par les cheveux selon lesquelles un navire lié au père de Mme Chao a déjà transporté de la drogue.
L’un des problèmes, pour l’establishment républicain, est que MM. Jenkins et Morrisey s’étaient largement combattus entre eux, y compris lors d’un débat acrimonieux sur Fox News, la semaine dernière. Aucun des deux n’a réussi à s’imposer comme le meneur, et les leaders républicains n’ont pas de préférence solidement établie pour l’un ou l’autre.
De son côté, M. Blankenship persiste et signe: « Personne, et je dis bien personne, ne nous dira comment voter », avant de laisser entendre que M. Trump s’était égaré de l’esprit de sa propre candidature en refusant d’endosser la campagne de la ligne dure qu’il a menée.
« Comme certains l’ont dit, je suis plus Trumpien que Trump, et le tweet le prouve », a-t-il affirmé.
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