La directrice générale du Fonds monétaire international (FMI) estime que la menace de Donald Trump d’imposer de fortes taxes douanières sur les importations américaines d’acier et d’aluminium aurait un impact « redoutable » sur la croissance mondiale si elle était mise à exécution.
Le président américain a annoncé la semaine dernière son intention d’imposer des droits de douane de 25% pour l’acier et de 10% pour l’aluminium sur les importations aux États-Unis afin de protéger l’industrie sidérurgique nationale. L’Union européenne, notamment, a précisé préparer des mesures de rétorsion.
« En toute hypothèse, l’impact macroéconomique serait sérieux non seulement si les États-Unis passaient à l’action mais s’il y avait des mesures de rétorsion qui étaient prises également par d’autres pays, notamment ceux qui seraient le plus affectés par ces mesures: on pense au Canada, à l’Europe et en particulier à l’Allemagne », a commenté Christine Lagarde sur RTL, dans une interview enregistrée mardi soir et diffusée mercredi.
« Dans une guerre commerciale entre guillemets qui serait alimentée par une augmentation réciproque des tarifs douaniers, personne ne gagne, on retrouve en général des perdants des deux côtés », a-t-elle souligné.
« Si le commerce international était remis en cause par des mesures de ce type-là, ce serait un canal de transmission d’une baisse de la croissance, d’une baisse des échanges et ça serait redoutable », a jugé l’ancienne ministre française de l’Économie.
« Je ne suis pas intime de la Maison-Blanche, mais tout ce qu’on lit ici à Washington sur l’ensemble du mécanisme de la prise de décision laisse à penser qu’il n’y avait pas eu un travail très très approfondi sur les risques de rétorsion, sur l’ensemble de la procédure. »
Elle a évoqué une guerre interne entre « deux camps ». Le conseiller économique de la Maison blanche, Gary Cohn, a présenté mardi sa démission après avoir échoué à dissuader Donald Trump de revenir sur son projet.
De « bonnes raisons » pour Trump
Le FMI, « très soucieux que ce déclenchement n’intervienne pas », appelle à « des négociations, des concertations” entre les pays concernés, a dit Christine Lagarde.
La dirigeante du FMI considère toutefois que le président américain a « quelques bonnes raisons de protester contre la situation actuelle » où des pays « ne respectent pas forcément les accords de l’OMC ». « On pense naturellement à la Chine mais la Chine n’est pas le seul pays à avoir ce genre de pratiques. »
Christine Lagarde a par ailleurs observé que « l’aggravation d’inégalités excessives » dans le monde constituait “un frein à une croissance durable ». Elle a évoqué un « rattrapage » en améliorant notamment l’ »efficacité de la dépense publique ».
Interrogée sur la vague de réformes engagée en France depuis l’élection d’Emmanuel Macron en mai 2017, elle a noté que le chef de l’État avait lancé des chantiers « recommandés » par le FMI sur le marché du travail, la formation et l’assurance chômage.
« Le deuxième grand volet de réformes qu’au FMI on a recommandé de longue date aussi, et auquel il semble s’attaquer, c’est la question de la dépense publique qui est très très élevée en France par rapport à l’ensemble des pays de l’UE et qui nécessite de gérer de manière efficace », a poursuivi Christine Lagarde.
Elle a souligné à ce titre la nécessité d’ajouter à cette politique d’assainissement “un volet de réduction des effectifs de la puissance publique.”
À l’évocation du plaidoyer contesté d’Emmanuel Macron, en octobre dernier, en faveur des “premiers de cordée” de l’économie française, Christine Lagarde a mis en garde contre l’effet « simplificateur » d’une « image ».
« C’est à la fois beaucoup plus compliqué et beaucoup plus long comme effort de politique économique », a-t-elle dit.
Lors d’une interview sur TF1, Emmanuel Macron avait affirmé que « si on commence à tirer des cailloux sur les premiers de cordée, c’est toute la cordée qui dégringole ».
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