La responsable américaine en charge de la protection des systèmes électoraux contre le piratage affirme que les Russes ont bel et bien réussi à obtenir les listes électorales de plusieurs États américains avant la présidentielle de 2016.
Dans une entrevue accordée à la chaîne NBC News, Jeanette Manfra, la chef de la cybersécurité au sein du département de la Sécurité intérieure, a dit ne pas pouvoir publiquement s’exprimer à propos d’informations protégées, mais a néanmoins déclaré qu’en 2016, « nous avons constaté le ciblage de 21 États et un nombre exceptionnellement petit de ces attaques ont réussi ».
Selon Jeh Johnson, qui était à la tête du département lors des intrusions russes, a indiqué que « 2016 fut un réveil brutal et il en revient maintenant aux États et aux autorités fédérales d’agir avant que notre démocratie ne soit attaquée à nouveau ».
« Nous avons pu déterminé que les tentatives d’intrusion dans les bases de données électorales provenaient du gouvernement russe. »
En septembre 2016, NBC rapportait que plus de 20 États avaient été ciblés par Moscou.
Il n’existe aucune preuve que lesdites bases de données ont été modifiées de quelque façon que ce soit, selon ce qu’affirment des responsables américains.
Dans un sondage effectué pour le compte de NBC News et SurveyMonkey, 79% des personnes interrogées disent craindre un peu ou grandement que le système électoral du pays ne soit vulnérable au piratage.
En janvier 2017, quelques semaines seulement avant de quitter son poste, M. Johnson a annoncé que les systèmes électoraux du pays faisaient partie des « infrastructures critiques » protégées par l’État fédéral, une désignation qui s’applique à des entités telles que le réseau de distribution électrique qui pourraient être attaquées. L’annonce a fait en sorte que la protection des systèmes électoraux a été intégrée au mandat du département de la Sécurité intérieure.
M. Johnson a toutefois mentionné à NBC News qu’il craint maintenant que depuis l’élection de 2016, plusieurs États n’ont pratiquement rien fait pour « réellement renforcer leur cybersécurité ».
Démenti
Mme Manfra dit être en désaccord avec l’évaluation de M. Johnson. « Je dirais qu’ils ont tous pris la chose au sérieux. »
NBC News a contacté les 21 États ciblés. Cinq d’entre eux, y compris le Texas et la Californie, disent n’avoir jamais été attaqués.
Mme Manfra affirme toutefois que la liste est exacte, mais qu’il s’agit aussi d’un « instantané pris à un moment précis, avec la visibilité dont disposait le département à ce moment-là ».
Plusieurs États ont déploré que le gouvernement fédéral n’ait pas offert de détails précis sur les menaces, affirmant que les informations étaient classifiées et que les responsables étatiques ne disposaient pas des autorisations nécessaires. Selon Mme Manfra, ces autorisations sont actuellement en traitement.
D’autres États que ceux contactés par NBC ont indiqué qu’ils attendaient encore de l’aide du gouvernement central en matière de cybersécurité. Mme Manfra rétorque qu’il n’existe pas de liste d’attente et que le département de la Sécurité intérieure offrira son aide à tous.
De leur côté, certains responsables étatiques se sont opposés à la désignation, par M. Johnson, des systèmes électoraux comme étant des infrastructures essentielles, voyant la décision comme une intrusion du fédéral. Pour M. Johnson, pourtant, les responsables ne croyant pas que le gouvernement central doive offrir de l’aide sont « naïfs » et « n’exercent pas leurs responsabilités auprès des gens qu’ils sont supposés représenter ».
En complément:
https://www.pieuvre.ca/2018/02/06/enquete-sur-lingerence-russe-au-tour-dun-memo-democrate-detre-declassifie/