Des scientifiques ont trouvé des traces de fibres de fabrication humaine et de plastique dans les estomacs de créatures marines vivant au fond des failles océaniques les plus profondes de la planète, une première mondiale qui suscite beaucoup d’inquiétude.
Selon ce qu’écrit The Independant, ces résultats démontrent qu’aucune section des océans du globe ne sont épargnés par les déchets d’origine humaine.
Des chercheurs de l’Université de Newcastle ont effectué des tests sur des crustacés situés au fond de la fosse des Mariannes. À 10 890 mètres sous le niveau de l’océan, il s’agit de l’endroit le plus reculé des mers.
Chaque créature a révélé qu’elle avait ingéré une forme de matériau d’origine humaine, qu’il s’agisse de nylon, de PVC, de PVA ou d’autres matériaux.
Selon le Dr Alan Jamieson, professeur d’écologie marine et responsable de l’étude, les résultats sont « immédiats et effrayants ».
« Il y a des moments où l’on pouvait carrément voir les fibres dans le contenu des estomacs alors que celui-ci était retiré », a-t-il dit.
« Nous avions l’impression que nous devions réaliser cette étude en raison de notre accès unique à certains des endroits les plus éloignés de la planète, et nous utilisons ces échantillons pour offrir un témoignage poignant à propos de l’héritage de l’humanité. »
L’équipe a effectué des tests sur 90 crustacés vivant dans les fosses océaniques les plus profondes du Pacifique.
Toutes les créatures avaient ingéré une forme ou une autre de fibres d’origine humaine ou de plastique, à des taux allant de 50 à 100% des crustacés examinés.
Les animaux vivant dans les fonds marins, qui mangeront « à peu près n’importe quoi », dépendent de la nourriture qui tombe de la surface.
« Les déchets jetés dans les océans vont ultimement revenir sur les berges ou couler dans le fond des océans, il n’y a pas d’autres options », dit M. Jamieson.
« Une fois que ces plastiques atteignent le fond de l’océan, ils ne peuvent aller nulle part ailleurs, alors on ne peut qu’assumer qu’ils continueront de s’y accumuler en plus grandes quantités. »
« Il s’agit d’une découverte très inquiétante. Trouver des fibres de plastique dans des animaux vivant à près de 11 kilomètres de profondeur montre à quel point le problème est grave. »
« C’est mondial », a-t-il ajouté.
Une industrie hors de contrôle
Elena Polisano, responsable de la mobilisation pour les dossiers liés aux océans au sein de la branche britannique de Greenpeace, a confié au Independant que « les déchets du plastique ont été découverts à peu près partout. Ils se trouvent dans l’Arctique, dans le milieu du Pacifique, au fond de la fosse des Mariannes, dans des baleines, dans des tortues et dans jusqu’à 90% des oiseaux marins, ainsi que dans notre sel de table, dans notre eau potable et dans notre bière ».
« Nous en produisons toujours plus, et le plastique durera pendant des siècles. Ce n’est pas à propos des individus isolés qui polluent, c’est à propos d’une industrie qui produit des milliers de milliards d’objets en plastique à usage unique – des sacs, des bouteilles, des emballages – sans jamais penser aux conséquences. Nous devons urgemment repenser la façon dont nous utilisons le plastique. »
Plus de huit millions de tonnes de plastique se retrouvent dans les océans chaque année. Avec quelque 300 millions de tonnes polluant déjà les eaux du globe, on estime qu’il y aura plus de plastique que de poissons d’ici 2050.
Il est aussi estimé que les océans contiennent désormais environ 51 000 milliards de particules de microplastiques, soit 500 fois plus que le nombre d’étoiles dans notre galaxie.
Cette pollution nuit à plus de 600 espèces à travers le monde dans la foulée de ce que plusieurs considèrent être la sixième extinction de masse d’espèces vivantes sur Terre.
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