Une enquête sur l’agression d’un grand champion de lutte sumo contre un lutteur junior risque d’entacher l’image du sport national japonais, alors que la popularité de ce sport ancestral commençait justement à repartir à la hausse à la suite de précédents scandales et d’un bassin décroissant d’amateurs.
Si certains lutteurs affirment que les conditions difficiles pouvant entraîner la violence dans le petit monde hiérarchique de la lutte sumo se sont améliorées depuis qu’un lutteur adolescent a été battu à mort, il y a une décennie, le nouvel incident démontre que le chemin vers la réforme est parsemé d’embûches.
« Ce n’est certainement pas aussi répandu qu’auparavant », affirme par courriel le commentateur de lutte sumo John Gunning. Celui-ci ajoute que « les réformes étaient simplement des règles à respecter… Il y a eu peu d’efforts tangibles pour transformer la culture ».
Le grand champion Harumafuji s’est excusé la semaine dernière après que des médias eurent rapporté qu’il avait matraqué de coups de poings et de coups de bouteille de bière le lutteur junior Takanoiwa lors d’une virée dans un bar avec d’autres lutteurs, le mois dernier.
M. Harumafuji, 33 ans, a été mis en colère lorsqu’il a constaté que le jeune lutteur regardait son téléphone alors qu’il était critiqué pour sa mauvaise attitude, ont rapporté les médias.
Des informations contradictoires ont circulé à propos de ce qui s’était passé, et de l’ampleur des blessures du jeu Takanoiwa. Le lutteur ne participera toutefois pas à un tournoi en cours en raison d’une fracture, d’une commotion et d’autre blessures, selon l’Association japonaise de sumo.
Un responsable de l’association a confié dimanche à la presse que Harumafuji avait reconnu avoir frappé Takanoiwa, 27 ans, mais qu’il n’était toujours pas clair s’il avait effectivement utilisé une bouteille de bière lors de l’incident.
L’affaire a fait les manchettes et mis les amateurs en colère, alors que certains d’entre eux avaient été incités à s’intéresser de nouveau au sport après la promotion du Japonais Kisenosato au rang de grand champion, en janvier.
Kisenosato est devenu le premier grand champion originaire du Japon en 19 ans, une période lors de laquelle la lutte sumo avait de la difficulté à attirer des ressortissants nationaux dans un domaine dominé par des lutteurs étrangers.
La police mène aussi une enquête sur l’incident après que l’ancien grand champion Takanohana, qui est l’entraîneur de Takanoiwa, eut déposé une plainte.
Takanohana, qui est l’un des dirigeants de l’association de lutte sumo, a prôné la réforme d’un sport au sein duquel seuls les lutteurs senior ont des salaires mensuels, peuvent se marier et vivre à l’extérieur des bâtiments réservés aux lutteurs, et où les juniors sont soumis à de difficiles conditions de vie communales.
Mais il a aussi été critiqué pour avoir apparemment attendu avant d’informer les dirigeants de l’association à propos de l’agression du mois dernier.