Des manifestantes féministes ont perturbé le lancement de la rétrospective consacrée lundi soir à Roman Polanski à la Cinémathèque française, à Paris, sur fond de nouvelles allégations d’agressions sexuelles contre le réalisateur franco-polonais.
Près de 80 personnes ont manifesté devant la Cinémathèque française où le réalisateur de 84 ans devait présenter son dernier film, D’après une histoire vraie.
Les manifestantes ont tapé sur les vitres et ont brandi des pancartes sur lesquelles était écrit « Si violer est un art, donnez à Polanski tous les Césars ».
Deux militantes Femens, torse nu, ont également perturbé la séance de photo du réalisateur en se précipitant dans le hall d’entrée et en criant « Pas d’honneur pour les violeurs ».
Roman Polanski a reconnu en 1977 avoir eu une relation sexuelle avec une fillette de 13 ans. Il avait passé 42 jours en prison avant d’être remis en liberté puis de fuir les États-Unis l’année suivante. Il fait l’objet depuis d’un mandat d’arrêt américain.
Trois autres femmes ont accusé le réalisateur de les avoir agressées sexuellement alors qu’elles étaient mineures. L’actrice allemande Renate Langer a porté plainte auprès des autorités suisses en octobre dernier pour des faits présumés survenus en 1972.
Pour l’association Osez Le Féminisme!, à l’initiative de la manifestation, la rétrospective de la Cinémathèque est un affront pour les victimes de violence sexuelle.
« La cinémathèque française ne peut pas en tant qu’institution culturelle, continuer à préserver, à cultiver l’immunité des agresseurs », a dit la porte-parole de l’association, Raphaëlle Rémy-Leleu sur CNews.
« C’est une institution qui est censée être la vectrice d’un cinéma comme porteur de valeurs, comme porteur d’une culture citoyenne et solidaire », a-t-elle poursuivi.
« Quand on crache à la figure ainsi des victimes de violence masculine en niant leur parole, en niant leur vécu et en continuant d’encenser leurs agresseurs, c’est tout simplement inacceptable ».
Une pétition sur Change.org demandant à la Cinémathèque française d’annuler son hommage au réalisateur a reçu près de 28 200 signatures.
La Cinémathèque a toutefois maintenu l’évènement, avec le soutien de la ministre de la culture Françoise Nyssen. « Il s’agit d’une oeuvre, pas de l’homme. Je n’ai pas à condamner une oeuvre », a dit la ministre sur France Inter vendredi.
Les évènements surviennent en marge de l’affaire Weinstein, du nom du magnat d’Hollywood Harvey Weinstein, accusé par plusieurs actrices de harcèlement et d’agressions sexuelles.
Les témoignages se sont multipliés ces dernières semaines dans les réseaux sociaux sous les mots d’ordre #metoo (moi aussi) et #balancetonporc, pour dénoncer les violences sexistes que les femmes subissaient dans leur vie privée ou sur leur lieu de travail.