Le chef de file des conservateurs autrichiens de l’ÖVP, Sebastian Kurz, a annoncé mardi matin son intention d’engager des discussions avec le FPÖ (Parti de la Liberté, extrême droite) en vue de la formation d’une coalition de gouvernement.
L’ÖVP est arrivé en tête des élections législatives du 15 octobre, avec 31,6% des voix, devant les sociaux démocrates du SPÖ (27%) puis le FPÖ, qui a rassemblé 26% des suffrages.
En tant que dirigeant du plus important parti, Sebastian Kurz, jeune dirigeant de 31 ans, a été chargé par le président autrichien, Alexander Van der Bellen, de former le prochain gouvernement.
« J’ai décidé par conséquent d’inviter (le chef du FPÖ) Heinz-Christian Strache et le FPÖ, aujourd’hui, à prendre part à des négociations de coalition », a annoncé Sebastian Kurz lors d’une conférence de presse au siège de sa formation à Vienne, en ajoutant qu’en cas d’échec, un gouvernement minoritaire ferait un « bon plan B ».
Les partenaires européens de l’Autriche ont exprimé leur inquiétude à l’idée de voir l’extrême droite entrer au gouvernement, le Parti de la liberté ayant été fondé dans les années 1950 par d’anciens nazis.
Heinz-Christian Strache a accepté cette main tendue, annonçant que des équipes des deux formations politiques allaient se rencontrer mercredi tout en précisant que le FPÖ n’accepterait pas un accord à n’importe quel prix.
« Faire partie du gouvernement n’est pas une fin en soi et cela n’a de sens que si nous pouvons mettre en oeuvre notre politique. En conséquence, personne ne doit penser que nous allons rendre la tâche facile pour l’ÖVP », a-t-il dit.
Mercredi dernier, Strache avait déclaré qu’il ne participerait à une coalition avec les conservateurs qu’à condition que son parti obtienne le ministère de l’Intérieur.
Changement
Le président de la principale association juive d’Autriche, Oskar Deutsch, a appelé lundi Sebastian Kurz et ne pas s’allier avec le « loup » du FPÖ.
Certains dirigeants européens s’inquiètent d’un retour du FPÖ au pouvoir, une première depuis plus de dix ans, à la faveur de thèmes sécuritaires développés lors de la crise des migrants en 2015 et 2016.
Le FPÖ soutient qu’il a changé depuis son émergence sous la houlette de Jörg Haider dans les années 90. Il affirme avoir tourné le dos à son passé nazi bien qu’il soit régulièrement obligé d’expulser certains de ses membres pour des déclarations antisémites.
Il a également renoncé à l’idée d’une sortie de l’Autriche de l’Union européenne.
Kurz a tenté mardi d’apaiser ces craintes et a rappelé que son gouvernement aurait une politique clairement favorable à l’Europe tout en réclamant des positions fermes sur la protection des frontières extérieures du bloc.
Strache et Kurz ont tous deux insisté mardi sur la nécessité de baisser la fiscalité et de réduire les allocations accordées aux étrangers afin de limiter la dépense publique. « Sur le fond, il y a des choses qui nous rapprochent et des choses qui nous éloignent », a commenté Kurz, restant vague sur le contenu d’un éventuel accord.
Le dirigeant conservateur espère parvenir à un accord d’ici Noël.