L’entrepreneur Elon Musk doit réviser ses ambitions consistant à envoyer des gens sur Mars au cours de la prochaine décennie; l’homme affirme maintenant avoir de meilleures idées grâce auxquelles son entreprise, SpaceX, pourra engranger des revenus d’ici-là.
Comme l’écrit le New York Times, M. Musk, le milliardaire qui a fondé SpaceX, doit prendre la parole vendredi pour présenter ses plus récentes idées dans le cadre de l’International Astronautical Congress d’Adélaïde, en Australie. L’événement devait débuter durant la nuit, selon l’heure de l’Est, mais des tweets récemment publiés par l’homme d’affaires offrent déjà des indices de ce dont il désirait discuter.
Voilà longtemps que M. Musk parle de son rêve de colonisation martienne et, lors de la même conférence, l’an dernier, il a finalement présenté des précisions en matière d’ingénierie – une gigantesque fusée réutilisable appelée Interplanetary Transport System et pouvant transporter 100 passagers – et a dévoilé un calendrier particulièrement optimiste. Les premiers vols vers Mars pourraient avoir lieu dès 2024, a-t-il alors lancé.
L’entrepreneur n’avait toutefois par réussi à convaincre le public de la façon dont SpaceX, une entreprise aux revenus encore modestes, pourrait financer un projet aussi ambitieux, dont le coût avoisinerait les 10 milliards. S’il a bel et bien affiché une diapositive titrée « Financement », le premier item de celle-ci s’intitulait Voler des sous-vêtements, une référence à un épisode de la série South Park.
M. Musk reconnaît maintenant qu’il ne s’agissait pas d’un plan d’affaires viable.
Les tweets de l’entrepreneur portent à croire que la fusée géante a rapetissé pour atteindre un diamètre de neuf mètres, contrairement à 12 mètres dans le concept original. Une référence à « certaines applications inusitées » pourraient porter sur la façon dont SpaceX s’attend à générer assez de revenus pour défrayer les coûts de développement de la fusée.
SpaceX ne se rendra pas non plus sur Mars aussi vite que prévu par M. Musk. La compagnie prévoit lancer l’une de ses capsules spatiales Dragon 2, sans passagers, en direction de Mars l’année prochaine. Cette mission, appelée Red Dragon, devait permettre de démontrer que la technique de SpaceX consistant à utiliser des moteurs, sous des vitesses supersoniques, pour ralentir un engin spatial – soit essentiellement la même technique que celle employée pour ramener les fusées Falcon 9 au sol – fonctionnerait également sur Mars. La capsule Red Dragon devait être plus grosse et plus lourde que tout ce que la NASA a envoyé sur la planète rouge jusqu’à maintenant.
En février, toutefois, la date de lancement a été reportée à 2020. En juillet, M. Musk a reconnu que les moteurs servant à l’atterrissage avaient été retirés des plans de la capsule, et que cela semblait marquer la fin de Red Dragon.
SpaceX n’est pas la seule compagnie avec des propositions pour la planète rouge. Quelques heures avant la présentation de M. Musk, vendredi, Lockheed Martin a présenté une mise à jour de sa propre vision martienne, appelée Mars Base Camp. Comparativement aux ambitions de M. Musk, le plan de Lockheed Martin semble lent et ennuyant. La mission ne se rendrait pas sur Mars avant 2028, elle n’emporterait que six astronautes, et le premier voyage ne se poserait même pas sur la planète rouge, se contentant de demeurer en orbite pendant un an avant de rentrer sur Terre.
À partir de cette orbite, les astronautes pourraient contrôler des robots explorateurs beaucoup plus aisément.
Mars Base Camp est également bien plus une suggestion à la NASA pour lui proposer quoi faire qu’une stratégie corporative pour Lockheed Martin. Et contrairement aux rêves de M. Musk, Mars Base Camp ne nécessiterait pas de nouveaux plans d’affaires ou technologies encore inexistantes. Des responsables de Lockheed Martin ont fait savoir que leurs plans respecteraient le budget de la NASA, et s’appuieraient sur l’objectif de l’agence américaine consistant à installer une station spatiale en orbite lunaire. Cette semaine, l’agence spatiale russe a annoncé qu’elle collaborerait avec la NASA sur ce projet de station, appelée Deep Space Gateway.
Dans sa mise à jour de cette année, Lockheed Martin a décrit un atterrisseur qui pourrait emmener des astronautes à la surface martienne lors d’une mission subséquente.