À travers le Québec, les travaux de voirie vont bon train depuis quelques années. Or, si les nids-de-poule ont la cote, ils ne sont pas le seul problème, et une meilleure planification des travaux pourrait souvent faire une grosse différence. C’est ce que propose un système d’évaluation de la tenue de la chaussée élaboré par des chercheurs de Concordia, et décrit cet été dans un article.
« Ce modèle aide à prendre les meilleures décisions au bon moment. L’entretien d’une route ne cesse jamais, alors il importe de choisir au mieux quels travaux de maintenance à réaliser », explique le doctorant Soliman Abu-Samra, du Département de génie du bâtiment, civil et environnemental de l’Université Concordia.
L’idée de base est de mieux hiérarchiser les travaux afin de maintenir en bon état les routes et autoroutes. Pour cela, les chercheurs ont dressé une liste de 11 facteurs ayant un impact sur les chaussées à travers deux modèles (hiver et été). Les usages, la condition de la chaussée, le climat ou encore l’âge: divers éléments qui forment ainsi un portrait de l’état de la route.
En se penchant sur ce qui occasionne le plus de dommages à ce qu’ils appellent des structures de chaussées flexibles — la majorité de notre réseau routier —, les chercheurs ont collecté aussi les avis de nombreux experts. Résultat: les fissures transversales ont l’impact le plus important (24,5 %) sur l’état de la chaussée et sa dégradation. Bien devant les médiatisés nids-de-poule et autres ornières — avec seulement 14,3 %.
Remplacer les travaux d’entretien d’urgence par des travaux préventifs ralentirait sans doute la dégradation de la chaussée et son vieillissement. Sans compter les économies réalisées par cet entretien préventif, assure le chercheur.
« Les travaux d’entretien réguliers réduisent jusqu’à 10 fois le montant qu’il faudrait dépenser pour la remettre en état », relève ainsi M Abu-Samra. L’approche préventive allonge également la longévité de la route, en plus d’économiser beaucoup d’argent. Mieux planifier permettrait d’épargner plus de 70% des dépenses futures, selon l’étude.
Au niveau de la route
Il s’agit d’une publication intéressante, mais qui ne présente pas d’idées révolutionnaires qui auront une contribution marquante pour la gestion des chaussées, soutient pourtant le professeur adjoint au Département des génies civil, géologique et des mines de Polytechnique Montréal, James Goulet. « Il s’agit selon moi d’un papier scientifique d’intérêt parmi des centaines d’autres dans le domaine, mais cela ne règlera pas ce gigantesque problème demain matin ».
L’entretien à moindre coût et de manière optimale des routes dépasse la simple identification des signes d’endommagement de la chaussée. « Généralement, les chaussées à problème sont connues des experts, il y a par contre beaucoup de contraintes en pratique — peu de ressources et peu de logistique — qui rendent les choses complexes à solutionner. Cela, même si on avance sur la connaissance du vieillissement de nos infrastructures », relève le Pr Goulet.