Vingt ans! Vingt ans que le scénariste et réalisateur français Luc Besson a jeté un pavé dans la mare du cinéma de science-fiction en lançant Le Cinquième élément, un film qui combinait l’action d’un blockbuster hollywoodien à l’amour des visuels léchés qui anime le cinéaste. Avec Valérian et la Cité des mille planètes, Besson tente de raviver cette flamme et de rappeler ce grand succès.
Employés comme agents de la Fédération humaine, Valérian et Laureline mettent la main sur un étrange animal capable de répliquer pratiquement tout ce qui lui est donné à manger. Amenés à remettre la créature entre les mains de leurs supérieurs sur la gigantesque station spatiale Alpha, les deux jeunes adultes devront résoudre un étrange et dangereux mystère impliquant une peuplade que l’on estimait disparue et des dirigeants aveuglés par leur soif de pouvoir.
Impossible, dès le départ, de ne pas savoir que nous sommes dans un film de Besson: l’homme aime les visuels fantastiques, et a depuis longtemps les moyens de se les permettre. D’ailleurs, adapter Valérian, d’abord une série de bandes dessinées, est depuis longtemps le rêve du cinéaste. Maintenant que les technologies d’effets spéciaux ont suffisamment progressé pour, par exemple, simuler une station spatiale abritant 8000 espèces, Luc Besson s’en donne à coeur joie avec moult créatures, extraterrestres et autres biomes évoquant les années folles de la science-fiction.
Superbes environnements, donc, que cette station Alpha, mais aussi ce marché multidimensionnel dans lequel nos agents retrouvent la créature convoité, en début d’aventure. Hauteurs vertigineuses, trafic impensable, affichages et couleurs éclatantes… les costumes ne sont pas signés Jean-Paul Gaultier, mais l’esprit du New York du Cinquième élément est définitivement présent. Peut-être un peu trop, même. Il y a toujours une limite à surcharger l’écran et à faire défiler le plus de décors possible en un minimum de temps; l’oeil finit par fatiguer et le cerveau, sur-stimulé, en vient à cesser d’être impressionné et devient plutôt blasé.
Mais tout cela est secondaire. S’il y a bien une chose qu’il est impossible de reprocher à Luc Besson, c’est bien son manque d’imagination lorsque vient le temps de créer un univers de science-fiction.
Là où le bât blesse cruellement, cependant, c’est lorsque vient le temps de se concentrer sur les acteurs et de tenter de suivre le scénario. Autant Bruce Willis et Chris Tucker formaient un duo d’enfer dans Le Cinquième élément, autant Dane DeHaan (que l’on préférerait oublier dans The Amazing Spiderman 2) et Cara Delevingne donnent l’impression, pendant deux heures, de s’ennuyer ferme. Oh, on tracera bien grossièrement, ici et là, des traits de personnalité, mais l’équipe formée par Valérian et Laureline n’est qu’une très (très!) pâle copie de Korben Dallas et Ruby Road.
Même en faisant abstraction de l’ombre du précédent succès spatial de Besson, Valérian et la Cité des mille planètes est un bel objet, mais un objet ordinaire, au scénario tarabiscoté, aux acteurs sous-utilisés (ou sur-utilisés, demandez à Rihanna), et au dénouement si cliché qu’on en soupire d’exaspération.
À fuir, préférablement à la vitesse de la lumière.
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