La Cour suprême russe a ordonné le démantèlement de l’organisation des témoins de Jéhovah sur le territoire national. L’interdiction entre en vigueur après que la cour eut rejeté un appel présenté par le groupe religieux contre un jugement, rendu en avril, où l’organisation avait été considérée comme extrémiste.
Selon ce que rapporte la BBC, le ministère russe de la Justice a argué que le groupe avait distribué des pamphlets appelant à la haine envers d’autres groupes. Pour les témoins de Jéhovah, le jugement marque plutôt la fin de la liberté religieuse en Russie.
Le regroupement dit compter quelque 175 000 membres en Russie – un pays où les fidèles de ce groupe ont été persécuté à l’époque de Staline.
Jusqu’à huit millions de personnes dans le monde feraient partie de ce mouvement d’inspiration chrétienne, mieux connu pour ses démarcheurs effectuant du porte-à-porte dans le but de recruter de nouveaux adhérents.
Le jugement signifie que le quartier général du groupe, près de Saint-Pétersbourg, ainsi que 395 sections devront fermer leurs portes. L’organisation devra remettre les clés de toutes ses propriétés au gouvernement russe.
Le porte-parole de la branche russe du mouvement, Yaroslav Sivulski, a soutenu que « la liberté religieuse n’existait plus en Russie. « Il n’y a eu aucun fait réel ou extrémisme de la part des témoins de Jéhovah. Tout n’est question que de mauvaise documentation et intolérance. Maintenant, quiconque étudie la Bible peut être emprisonné », a-t-il déclaré au magazine Newsweek.
L’un des documents distribués par le groupe cite l’écrivain Leo Tolstoï, alors que celui décrit la doctrine de l’Église orthodoxe russe comme étant de la superstition et de la sorcellerie.
Des responsables ont accusé la religion de détruire des familles, de favoriser la propagation de la haine et de mettre des vies en danger. L’Église a elle aussi appelé à l’imposition de l’interdiction.
Les témoins de Jéhovah ont été fondés aux États-Unis, au 19e siècle. Ils s’appuient en grande majorité sur une interprétation littérale de la Bible et refusent les transmissions sanguines. Ils ne sont pas considérés par les Églises chrétiennes traditionnelles comme étant une dénomination répandue.
Lors des années de dictature de Joseph Staline, en Union soviétique, le mouvement était interdit et des milliers de membres ont été déportés en Sibérie. D’autres groupes chrétiens ont eux aussi été persécutés.
Alors que s’effondrait l’URSS, la chrétienté a connu une renaissance en Russie, et l’interdiction imposée aux témoins de Jéhovah a été levée en 1991. L’opinion publique envers le groupe a toutefois piqué du nez en 2004, alors que l’organisation a été accusée de recruter des enfants et d’empêcher ses membres d’accepter de l’aide médicale.
Selon le groupe de défense des droits de la personne Sova, une « campagne officielle de répression » est menée depuis des années contre le mouvement, et plusieurs de ses membres ont été victimes d’agressions.
Les témoins de Jéhovah devraient faire appel devant la Cour européenne des droits de la personne, mais la Russie pourrait simplement décider d’ignorer un éventuel verdict en faveur du groupe.