Les États-Unis et le Qatar ont signé mardi un accord visant à empêcher le financement du terrorisme dans le cadre de la visite du chef de la diplomatie américaine Rex Tillerson pour tenter de mettre fin à la crise diplomatique entre Doha et Ryad.
L’Arabie saoudite, Bahreïn, les Émirats arabes unis (EAU) et l’Egypte ont imposé le mois dernier des sanctions au Qatar qu’ils accusent de financer les groupes extrémistes ainsi que de complaisance envers l’Iran, grand rival de l’Arabie saoudite dans la région.
« L’accord que nous avons tous les deux signés au nom de nos gouvernements représente des semaines de discussions intensives entre spécialistes et relance l’esprit du sommet de Ryad », a déclaré le secrétaire d’Etat américain qui donnait une conférence de presse avec son homologue qatari, le cheikh Mohamed ben Abdelrahman al Sani. « Ensemble, les États-Unis et le Qatar feront davantage pour localiser les sources de financement, pour collaborer et partager l’information et pour maintenir la région (…) en sécurité », a-t-il ajouté.
Le président des États-Unis Donald Trump a rencontré les représentants d’un certain nombre d’États arabes lors de sa visite dans la région au mois de mai.
Son homologue qatari a précisé que l’accord n’était pas lié à la crise avec les quatre pays arabes. « Le protocole expose une série de mesures que chaque pays prendra dans les mois et les années à venir pour stopper et désactiver les flux financiers de la terreur et intensifier les activités de lutte contre le terrorisme à une échelle mondiale », a déclaré Rex Tillerson.
Dans un communiqué commun, les quatre États arabes qui boycottent le Qatar disent apprécier la volonté des États-Unis de lutter contre le terrorisme mais que les actions contre le Qatar restent en place et qu’ils suivront de près l’action du Qatar pour empêcher le financement du terrorisme.
Enjeu planétaire
L’Égypte a ensuite déclaré lors d’une réunion de la coalition internationale contre l’État islamique à Washington que la coalition ne devrait pas accueillir des États qui soutiennent le terrorisme comme le Qatar.
Mais, a déclaré un responsable américain au fait des délibérations à la réunion, que « les autres pays du groupe de travail ont rejeté la demande égyptienne ». « Le terrorisme est un problème mondial qui nécessite une réponse mondiale et nous avons tous du travail », a ajouté ce responsable américain », qui s’exprimait sous le sceau de l’anonymat.
Doha dément soutenir des organisations fondamentalistes et estime que le boycott dont elle est victime s’inscrit dans le cadre d’une campagne visant à contrecarrer sa politique étrangère qui se veut indépendante. « Aujourd’hui, l’État du Qatar a été le premier à signer le programme exécutif avec les États-Unis de lutte contre le financement du terrorisme », a déclaré le cheikh Mohamed lors d’une conférence de presse.
Accompagné de médiateurs koweïtiens, Rex Tillerson devait aussi rencontrer l’émir du Qatar, le cheikh Tamim ben Hamad al Sani, à propos de la crise qui dure depuis le mois dernier.
Les ministres des Affaires étrangères des quatre pays arabes qui mènent le boycott contre le Qatar doivent rencontrer Rex Tillerson mercredi à Djeddah en Arabie saoudite.
Rex Tillerson a estimé mardi que le Qatar avait adopté des positions tout à fait « raisonnables » sur le contentieux diplomatique qui l’oppose à ses voisins, et qu’il avait bon espoir de voir la crise se résoudre.
« J’ai bon espoir que nous puissions progresser vers un règlement de la crise », a dit Rex Tillerson avec à ses côtés son homologue qatari. « Je pense que le Qatar a des positions très claires, qui sont, à mon avis, fort raisonnables », a ajouté le chef du département d’État.
Le Qatar compte sur son territoire la base aérienne d’Oudeïd, la plus grande base militaire américaine au Moyen-Orient, à partir de laquelle des appareils de la coalition internationale lancent des frappes aériennes contre le groupe djihadiste État islamique en Syrie et en Irak.