Les supermarchés du Qatar donnent lieu à des scènes chaotiques, alors que les habitants se dépêchent de faire des provisions après que certaines des plus importantes puissances du monde arabe eurent coupé leurs liens avec le pays, accusant ce dernier de soutenir l’extrémisme.
Le Bahreïn, l’Égypte, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis ont tous annoncé lundi qu’ils rapatrieraient leur personnel diplomatique en poste au Qatar, tandis que le Yémen, les Maldives et l’un des trois gouvernements rivaux de la Libye devraient faire de même prochainement.
De son côté, le gouvernement qatari a fait savoir qu’il était prêt à lancer des efforts de médiation.
Doha a également décidé de ne pas riposter aux mesures, rapporte la chaîne australienne ABC. Le Qatar est accusé de fournir du financement aux islamistes – une allégation que l’État nie avec véhémence.
Dans une série de gestes sans précédent, plusieurs États du Golfe ont interrompu toutes les liaisons avec le Qatar – navales, aériennes et terrestres -, et ont ordonné à leurs citoyens de rentrer à la maison. Quant aux ressortissants qataris, ceux-ci disposent de 14 jours pour retourner dans leur pays d’origine.
On craint maintenant que la fermeture de toutes les liaisons commerciales provoquera des pénuries au Qatar – un État situé dans la péninsule du Golfe, et qui s’appuie largement sur sa seule frontière terrestre, avec l’Arabie saoudite, pour importer sa nourriture.
En fait, quelque 80% des besoins alimentaires du pays sont comblés via les voisins arabiques.
Et comme il fallait s’y attendre, dès que les frontières ont été fermées, des problèmes d’approvisionnement ont été signalés. Des milliers de camions de ravitaillement auraient ainsi été coincés à la frontière saoudienne, se trouvant soudainement dans l’impossibilité de franchir la démarcation entre les deux États pour entrer au Qatar.
Les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite ont cessé d’exporter du sucre blanc au Qatar – ce qui pourrait avoir un impact important pour les consommateurs pendant le mois saint du Ramadan, où la demande est élevée.
Dans les épiceries, les étagères étaient pratiquement vides, alors que les citoyens se sont précipités pour faire des provisions, dans la foulée des incertitudes géopolitiques et commerciales. « Les gens se sont rués pour acheter de la nourriture, particulièrement lorsqu’il est question de produits importés », mentionne Eva Tobaji, une expatriée résidant à Doha, après être allée faire des emplettes.
Un autre client dans un supermarché a confié à Aj-Jazira qu’il « était mieux de faire des stocks de vivres dont ma famille et moi-même avons besoin, plutôt que d’être laissés de côté par les autres ».
Selon des experts en échanges commerciaux, il est fort probable que le pays souffre effectivement de pénuries, du moins jusqu’à ce que la crise soit réglée.
Un responsable iranien a mentionné que son pays pourrait exporter de la nourriture à destination du Qatar via les mers. L’agence de presse semi-gouvernementale Fars a ainsi cité Reza Nourani, président de l’Union des exportateurs de produits agricoles, qui a déclaré que des produits expédiés à partir de l’Iran pourraient atteindre le Qatar en 12 heures.
La crise diplomatique a provoqué une chute de 7,3% de l’indice des marchés boursiers du Qatar, alors que certaines banques égyptiennes ont elles aussi annoncé la fin des échanges avec les institutions financières du pays touché.
Vers un dialogue?
Le dirigeant du Qatar, Sheikh Tamim bin Hamad Al-Thani, a retardé une allocution afin de donner au Koweït une chance d’apaiser les tensions régionales, a fait savoir le ministre qatari des Affaires étrangères.
Le pays veut ainsi donner au dirigeant du Koweït la possibilité « d’aller de l’avant et de communiquer avec les parties impliquées dans la crise pour tenter de contenir la situation », a déclaré le ministre qatari lors d’une intervention sur les ondes d’Al-Jazira.
L’émir du Koweït a joué un rôle important dans la précédente crise ayant secoué le Golfe, en 2014.
En entrevue, l’émir dit également « croire que des différences entre pays frères doivent être réglées par le dialogue ».
De son côté, le leader du Koweït se rendra en Arabie saoudite pour discuter avec le roi Salman, ont fait savoir des responsables.