C’est avec la larme à l’oeil que Sam Hamad a fait ses adieux à la vie politique, jeudi matin, en annonçant sa démission de son poste de député de Louis-Hébert, et son retour au milieu des affaires. Mais le départ de M. Hamad est surtout représentatif d’un problème plus large au sein de la classe politique québécoise, et du gouvernement Couillard en particulier.
On aura beau saluer les accomplissements de cet immigrant ayant réussi à non seulement s’intégrer au sein de sa société d’accueil, mais d’avoir gravi les échelons du pouvoir pour devenir (un temps) ministre des Transports, le fait est que la carrière de M. Hamad passera surtout à la postérité pour son incongruité et pour la forte impression d’incompétence qui s’en dégage.
Que ce soit pour la gestion gênante de l’effondrement du paralume non loin de l’hôtel de ville de Montréal alors qu’il était ministre des Transports (« Toutes les autoroutes ouvertes au Québec sont sécuritaires! »), ou encore pour l’étrange affaire de Premier Tech et des soupçons de contacts indus avec l’ancien collecteur de fonds du PLQ Marc-Yvan Côté, soupçons dont il a été officiellement blanchi, Sam Hamad n’a jamais pu se débarrasser de l’image de l’homme ayant atteint l’échelon gouvernemental maximal permis par son niveau d’incompétence.
D’ailleurs, l’entendre vanter son apport dans l’octroi du contrat des rames de métro Azur au consortium Bombardier-Alstom et son influence dans le dossier de l’amphithéâtre Vidéotron de Québec avait quelque chose de gênant. On se rappellera que le premier dossier découle d’une série de cafouillages monumentaux de la part du gouvernement libéral de l’époque, et que le second représente un gigantesque gaspillage de fonds publics pour offrir une patinoire à une ville dont les chances d’obtenir une équipe de hockey sont quasi-inexistantes.
Démissions en chaîne
Au-delà de cette carrière peu reluisante, ce départ a l’odeur d’une fin de règne au Parti libéral. Car cette démission n’est pas la seule avec laquelle M. Couillard a dû jongler. Après le retrait de la politique de l’ex-ministre de l’Éducation Yves Bolduc, après celui de Jacques Daoust suite au scandale RONA, après que cinq ministres de l’Éducation se soient succédé depuis le début du mandat, il y a quatre ans (Yves Bolduc, François Blais, Sébastien Proulx, Hélène David et Pierre Moreau), après la mise au rancart de Robert Poëti, possiblement « tassé » en raison de sa volonté de faire le ménage aux Transports, force est d’admettre que le premier ministre commence à manquer de grands noms pour garnir son conseil des ministres.
Le Parti québécois a lui aussi dû combler quelques chaises vides, dont celle de Bernard Drainville, mais l’érosion frappe principalement le parti au pouvoir. La machine libérale est-elle si difficile à supporter, ou s’agit-il d’une réalité de la vie politique dans son ensemble? Et cela, c’est sans parler du cas Sklavounos ou de Pierre Paradis…
Quoi qu’il en soit, il y a fort à parier qu’il y aura plusieurs nouveaux visages sur les pancartes libérales aux prochaines élections. Y compris dans Louis-Hébert.