Les serveurs cubains de Google sont entrés en fonction, mercredi, faisant du géant du web le premier fournisseur étranger à héberger du contenu dans la dictature communiste.
Selon ce qu’écrit BuzzFeed, ces serveurs font partie du réseau mondial de mise en cache de Google, appelés noeuds GGC, qui fonctionnent en stockant du contenu populaire – comme une vidéo virale sur YouTube – sur un serveur local.
Plutôt que d’avoir à faire transiter ce contenu sur une longue distance via un câble sous-marin, qui connecte actuellement Cuba au web via le Venezuela, les Cubains auront désormais accès à ce même contenu via le serveur Google le plus près dans leur pays.
« Je crois que cela fera une grande différence pour les Cubains », affirme Doug Madory, directeur de l’analyse web chez Dyn, une compagnie de surveillance du Net. « L’internet à Cuba continuera d’être douloureusement lent. Il s’agit d’un autre rare pas en avant. Pour les services Google, qui seront hébergés dans le pays, il s’agit d’une étape importante. »
Malgré les espoirs que Cuba commence à offrir un accès plus ouvert à internet à la suite du rétablissement des relations diplomatiques entre les États-Unis et Cuba, en 2015, Cuba continue d’avoir le plus bas taux de connectivité web de l’hémisphère nord. Pour la plupart des Cubains, internet n’est accessible qu’à partir de l’un des 240 points d’accès sans-fil publics répartis à travers le pays. Une heure d’accès internet coûte environ 1,50 $ US, ce qui peut être particulièrement cher pour les Cubains, alors que le salaire mensuel moyen tourne autour de 25 $.
L’agence cubaine des télécommunications, Etecsa, a récemment lancé un programme pilote visant à installer des connexions internet dans 2000 domiciles du pays, mais une fois que ledit projet sera terminé, il en coûtera quelque 15 $ US pour 30 heures d’accès à une vitesse de 128 kilo-octets par seconde – un prix tout aussi rebutant pour bon nombre de Cubains.
Google reconnaît que l’entente n’aura pas beaucoup d’impact sur l’accessibilité au web pour le Cubain moyen. Dans un billet de blogue publié en décembre dernier pour marquer la signature de l’accord avec Cuba, des dirigeants de Google ont écrit que « les Cubains ayant déjà accès au web et voulant utiliser nos services peuvent s’attendre à une amélioration de la qualité du service et à une latence réduite pour accéder au contenu mis en cache ».
M. Madory a toutefois indiqué qu’il semblerait que Google procède lentement aux changements. Lorsqu’il a testé le service mercredi matin en utilisant un serveur cubain auquel il pouvait accéder à distance, il continuait d’être redirigé vers des services Google situés à l’extérieur du pays. « Je peux voir que le serveur est là et je peux interagir avec lui, mais les Cubains n’y sont pas encore connectés automatiquement. »