La première ministre britannique, Theresa May, a appelé mardi à la tenue d’élections législatives anticipées le 8 juin, afin de se doter d’une majorité parlementaire forte et stable durant la période de négociations du Brexit.
Devant sa résidence du 10, Downing Street, la chef du gouvernement conservateur n’a pas caché qu’elle avait été réticente à l’idée d’avancer la date des élections, normalement prévues pour 2020, et qu’elle s’y était résolue dans la seule perspective du « Brexit ».
Elle a justifié ce scrutin par un souci de stabilité et d’unité durant les deux ans de négociations devant déboucher sur la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, conformément au résultat du référendum du 23 juin dernier.
Theresa May a jugé que la position actuelle de l’opposition affaiblissait la capacité de négociations de Londres face à l’Union européenne dans ce dossier complexe.
« J’ai décidé avec réticence que cette élection était nécessaire mais c’est avec grande conviction que je dis qu’elle l’est pour doter le pays de la direction forte et stable dont il a besoin pour mener à bien le Brexit et aller au-delà », a-t-elle déclaré. « Chaque voix en faveur des Conservateurs rendra la tâche plus difficile aux dirigeants de l’opposition qui veulent m’empêcher d’accomplir mon travail », a-t-elle ajouté.
« Le choix se fera entre un gouvernement fort et stable, dans l’intérêt national, avec moi à sa tête, et une coalition faible et instable emmenée par (le chef du Labour) Jeremy Corbyn, soutenue par des Libéraux démocrates qui veulent rouvrir les divisions du référendum », a-t-elle expliqué.
Le Parti conservateur apparaît actuellement nettement en tête dans tous les sondages d’intentions de vote face au Parti travailliste, principale force de l’opposition.
Brexit inchangé
Certaines enquêtes d’opinion donnent jusqu’à vingt points d’avance aux Tories, une marge inhabituelle pour un parti au pouvoir deux ans après la dernière élection.
En terme de popularité, Theresa May devance également le chef du Labour, Jeremy Corbyn. Seulement 14% des personnes interrogées jugent qu’il ferait un bon premier ministre, selon une enquête de l’institut YouGov. Pour Theresa May, le sondage donne 50%.
Le chef du Labour n’en a pas moins salué l’annonce du scrutin anticipé. « Je me félicite de la décision de la première ministre de donner aux Britanniques l’occasion de se prononcer pour un gouvernement qui privilégiera les intérêts de la majorité d’entre eux », a dit Jeremy Corbyn.
D’autres membres de sa formation se sont montrés moins enthousiastes et certains autres partis ont critiqué la décision de Theresa May. Quant à Nicola Sturgeon, première ministre d’Écosse, elle y a vu une « énorme erreur de calcul politique » qui pourrait l’aider dans ses efforts pour organiser un nouveau référendum sur l’indépendance.
Theresa May devra obtenir mercredi le soutien de deux tiers des députés à la chambre des Communes pour que les élections puissent être organisées. Le Parti travailliste a fait savoir qu’il voterait pour, ce qui devrait assurer un vote positif.
À Bruxelles, on estimait mardi que le calendrier des négociations sur le Brexit ne serait en rien affecté par les élections britanniques. « Les élections britanniques ne changent rien aux projets des 27 », a dit Preben Aamann, porte-parole du président du Conseil européen Donald Tusk, qui s’est entretenu au téléphone avec Theresa May après l’annonce des législatives anticipées.
Donald Tusk doit présider un sommet des dirigeants des 27 pays de l’UE – hors Royaume-Uni -, le 29 avril à Bruxelles, lors duquel, espère-t-il, ils entérineront les lignes directrices qu’il a proposées sur les négociations du Brexit.