La Corée du Nord a accusé vendredi les États-Unis de créer une « situation dangereuse » dans la péninsule coréenne et la Chine s’est inquiétée d’une tournure des événements qui pourrait se révéler « irréversible ».
La tension ne cesse de croître autour de la Corée du Nord et de ses prétentions à se doter de l’arme nucléaire. Les États-Unis ont dépêché le porte-avions « Carl Vinson » vers la région, un mouvement naval que Pyongyang juge menaçant.
Face à cette montée des périls, la Chine, voisine et alliée de la Corée du Nord, a préconisé vendredi l’apaisement. « Nous invitons toutes les parties à éviter les provocations et les menaces, que ce soit en paroles ou en actes, et à ne pas permettre que la situation prenne une tournure irréversible, » a déclaré le ministre des Affaires étrangères, Wang Yi.
Une action militaire des États-Unis contre la Corée du Nord apparaît plus plausible depuis l’envoi par la marine américaine il y a une semaine de 59 missiles de croisière contre une base aérienne syrienne en réponse à une attaque chimique contre un village, dont Washington rend Damas responsable.
Les États-Unis ont fait savoir que leur politique de « patience stratégique » était terminée. Le vice-président Mike Pence est attendu en Corée du Sud dimanche dans le cadre d’une tournée de dix jours en Asie prévue de longue date.
Un porte-parole de l’Institut pour le désarmement et la paix du ministère nord-coréen des Affaires étrangères a publié vendredi un communiqué qui condamne les États-Unis pour les frappes en Syrie tout en appelant à « la paix par la force ». « Les États-Unis introduisent dans la péninsule coréenne, le point chaud le plus important du monde, des ressources nucléaires stratégiques, menaçant gravement la paix et la sécurité de la péninsule », dit ce communiqué cité par l’agence de presse officielle nord-coréenne KCNA. « Cela a créé une situation dangereuse dans laquelle une guerre thermonucléaire pourrait éclater à tout moment dans la péninsule et constitue une menace grave pour la paix et la sécurité dans le monde », ajoute le communiqué.
La Corée du Nord reste d’un point de vue technique en guerre avec les États-Unis et leur allié sud-coréen. La guerre qui a opposé le Nord et le Sud de 1950 à 1953 s’est terminée par un cessez-le-feu mais sans traité de paix.
Pyongyang célèbrera samedi le 105e anniversaire de la naissance de son fondateur, Kim Il-sung, grand-père de l’actuel dirigeant, Kim Jong-un, et pourrait à cette occasion procéder à une démonstration de force, en effectuant un tir de missile ou un essai nucléaire.
« Régler le problème »
Donald Trump a estimé jeudi que la Corée du Nord constituait un « problème » mais que celui-ci serait « traité », et qu’il pensait que le président chinois, Xi Jinping, allait « travailler très dur » pour contribuer à sa résolution.
Le président des États-Unis a aussi fait savoir qu’il était prêt à résoudre la crise sans la Chine si nécessaire. Un haut responsable de l’administration Trump a toutefois qualifié de « totalement erronée » une information de la chaîne de télévision NBC selon laquelle les États-Unis lanceraient une frappe conventionnelle préventive au cas où ils s’apercevraient que Pyongyang s’apprête à procéder à un nouvel essai nucléaire.
Selon la presse japonaise, le gouvernement japonais a confirmé qu’il prendrait toutes les précautions nécessaires face à de nouvelles provocations de la Corée du Nord. Le quotidien des affaires Nikkei indique que le gouvernement discute notamment de la façon de récupérer les 57 000 Japonais qui vivent en Corée du Sud ainsi que de la manière de traiter un éventuel afflux de réfugiés nord-coréens parmi lesquels pourraient se trouver des espions.
Selon l’agence de presse Kyodo, le Japon a commencé à travailler sur un plan de réponse à la crise en février après la rencontre en Floride entre le Premier ministre, Shinzo Abe, et Donald Trump.