La France n’est pas responsable de la rafle du « Vel d’Hiv », au cours de laquelle plus de 13 000 juifs furent arrêtés les 16 et 17 juillet 1942, a estimé dimanche la candidate du Front national à l’élection présidentielle, Marine Le Pen.
Face à l’émoi suscité par ses propos, la présidente du parti d’extrême droite a précisé dans la soirée que sa position faisait suite « à l’ordonnance du 9 août 1944 qui a frappé d’inexistence juridique le régime de Vichy, régime collaborateur et illégal. »
« Elle n’exonère en rien la responsabilité effective et personnelle des Français qui ont participé à l’ignoble rafle du Vel d’Hiv et à toutes les atrocités commises pendant cette période », a-t-elle indiqué dans un communiqué, dénonçant une « instrumentalisation politique indigne ».
Dans l’émission Le Grand Jury (RTL-Le Figaro-LCI), diffusée dans la matinée, la candidate avait estimé que la France avait été « malmenée dans les esprits depuis des années ». « En réalité, on au appris à nos enfants qu’ils avaient toutes les raisons de la critiquer, de n’en voir que peut-être les aspects historiques les plus sombres, donc, je veux qu’ils soient à nouveau fiers d’être Français. »
Ces déclarations ont provoqué l’indignation de l’Union des étudiants juifs de France (Uejf) qui a dénoncé des propos « révisionnistes » s’inscrivant « dans la lignée révisionniste du Front National ».
L’Uejf, qui s’exprimait dans un communiqué, a appelé « les citoyens français à se mobiliser pour faire barrage à Marine Le Pen et l’empêcher de salir à nouveau l’honneur de la France » à l’occasion de l’élection présidentielle.
Les propos de Marine Le Pen ont également fait réagir au sein de la classe politique, Christian Estrosi (Les Républicains) estimant que la candidate rejoignait « son père sur le banc de l’indignité et du négationnisme » et Emmanuel Macron (En Marche!) évoquant sur BFM TV « une faute grave ».
« D’aucuns avaient oublié que Marine Le Pen est la fille de Jean-Marie Le Pen, ils n’ont pas changé et il ne faut pas avoir de complaisance ou minimiser ce qu’est le Front national aujourd’hui dans notre pays », a dit le candidat à la présidentielle.
Contradiction
La responsabilité de l’État français dans la déportation des Juifs, longtemps passée sous silence dans la France de l’après-guerre, a été reconnue en 1995 par le président Jacques Chirac qui rompait alors avec la position de ses prédécesseurs.
En 2012, deux mois après son arrivée à l’Elysée, François Hollande a pour sa part qualifié la rafle du Vélodrome d’hiver de « crime commis en France par la France ».
Plusieurs dirigeants du Front national ont remis en cause ces dernières années la responsabilité de l’État français dans la déportation de Juifs, à l’image du fondateur du parti, Jean-Marie Le Pen, qui en 2010 a jugé scandaleux de rendre responsable le maréchal Pétain de la « persécution » des Juifs.
Plus récemment, le vice-président du FN Florian Philippot a estimé que la responsabilité de l’État français dans la collaboration n’était pas « un fait historique ».
La responsabilité « de Français oui, ça c’est évident, de l’État français non, je mets la France et la République à Londres », a-t-il dit la semaine dernière au Grand Rendez-vous (Europe 1-CNews-Les Échos).
Dans son programme présidentiel, Marine Le Pen, qui est à l’heure actuelle en tête des intentions de vote pour le premier tour au coude-à-coude avec Emmanuel Macron, s’engage à « renforcer l’unité de la nation par la promotion du roman national et le refus de la repentance ».