La police britannique a procédé à huit arrestations dans l’enquête sur l’assaillant qui a tué trois personnes et fait une quarantaine de blessés avant d’être abattu mercredi près du parlement à Londres, a annoncé jeudi Mark Rowley, patron des services antiterroristes. Un bilan de cinq morts, dont le tueur, avait été communiqué mercredi soir par la police, mais M. Rowley l’a révisé à la baisse jeudi matin.
Sur la quarantaine de blessés, 29 sont toujours à l’hôpital, parmi lesquels sept sont dans un état jugé critique. Trois des blessés sont des lycéens français, venus de Concarneau pour un voyage scolaire. Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault, est à Londres ce jeudi où il devait se rendre auprès des familles des victimes françaises.
La section antiterroriste du parquet de Paris a ouvert jeudi une enquête en flagrance sur l’attaque près du parlement de Westminster, en raison de la présence de victimes françaises, a annoncé le parquet. Cinq Sud-Coréens sont aussi au nombre des blessés, comme l’a annoncé à Séoul le ministère des Affaires étrangères. Un touriste chinois a lui aussi été blessé, légèrement.
Le Parlement a repris ses travaux, jeudi, la première ministre britannique Theresa May ayant déclaré mercredi soir que l’attaque ne devait en aucun cas perturber la démocratie britannique, pas plus que la vie normale de la capitale.
Les députés ont observé une minute de silence à la mémoire des victimes de l’attaque, à 09:33 GMT – 933 était le matricule figurant sur l’uniforme de Keith Palmer, le policier tué à l’arme blanche mercredi après-midi.
Perquisitions
À l’extérieur, le pont de Westminster, où a débuté mercredi après-midi l’attaque à la voiture-bélier, demeurait fermé, et des policiers étaient déployés en nombre dans le secteur. Les accès en surface de la station de métro Westminster étaient eux aussi bouclés. Une veillée en hommage aux victimes est prévue à Trafalgar Square à 18h00 GMT ce jeudi.
Mark Rowley a laissé entendre que l’assaillant, qui a été abattu par des policiers, avait agi seul. « Nous continuons de penser (…) que l’assaillant a agi seul et s’inspirait du terrorisme international. À ce stade, rien ne permet de parler d’autres menaces spécifiques pour la population », a-t-il dit.
La police s’emploie cependant à vérifier si d’autres personnes n’ont pas été impliquées dans l’attaque, a dit de son côté à la BBC-radio le ministre de la Défense, Michael Fallon, pour qui les enquêteurs présument que l’affaire a partie liée, sous une certaine forme, avec le terrorisme islamiste.
La police croit connaître l’identité du tueur mais ne l’a pas communiquée à la presse pour le moment.
Des perquisitions ont été menées à six adresses à Londres, Birmingham mais aussi en d’autres points du Royaume-Uni, a indiqué Mark Rowley. « Nous avons perquisitionné à six adresses et procédé à sept arrestations. Les investigations se poursuivent à Birmingham ainsi qu’en d’autres endroits du pays », a-t-il dit à la presse devant le QG de la police à Londres.
Lieu choisi précisément
L’assaillant a d’abord lancé son véhicule contre la foule, sur le pont de Westminster, avant de s’écraser sur des grilles qui entourent le Parlement. Armé d’un couteau, il a alors couru et s’est introduit dans l’enceinte du Parlement, y a poignardé un policier avant d’être abattu par la police dans une cour intérieure, au pied de Big Ben.
Cette attaque est survenue un an jour pour jour après les attentats de Bruxelles, qui ont fait 32 morts à l’aéroport Zaventem puis dans une station de métro.
Theresa May a relevé que le lieu de l’attaque, qu’elle a qualifiée de « répugnante et ignoble », n’était pas un hasard.
« Le terroriste a choisi de frapper au coeur de notre capitale, là où les gens de toutes nationalités, de toutes religions, de toutes cultures se rassemblent pour célébrer les valeurs de liberté, de démocratie et de liberté d’expression », a-t-elle dit devant sa résidence du 10, Downing Street.
C’est l’attentat le plus meurtrier depuis ceux de juillet 2005. Quatre islamistes britanniques avaient tué 52 personnes lors d’attaques suicide dans les transports londoniens. En mai 2013, deux islamistes britanniques ont tué à l’arme blanche un soldat dans une rue du sud-est de Londres.
Le mode opératoire de l’attaque de Londres rappelle celui de l’attentat de Nice le 14 juillet dernier, qui a fait 86 morts, et celui de Berlin en décembre, commis également par un homme seul au volant d’un camion, qui a fait 12 morts.
Ces deux attaques ont été revendiquées par le groupe État islamique (EI). Commis par des « loups solitaires », des attentats de ce type sont faciles à organiser, relèvent les experts.