Une nouvelle étude publiée dans Environmental Science and Technology laisse entendre que les émissions de méthane provenant des centrales électriques fonctionnant au gaz naturel et des raffineries de pétrole pourraient être bien plus élevées que ce qui est présentement rapporté.
Ainsi, les travaux estiment que les émissions de méthane sont de 11 à 90 fois plus importantes pour les raffineries, et de 21 à 120 fois plus importantes pour les centrales au gaz naturel que ce qui est calculé à l’aide des données fournies par les exploitants des installations au Programme de déclaration des gaz à effet de serre de l’Agence américaine de protection de l’environnement (EPA).
En multipliant le volume total de CO2 émis annuellement par l’ensemble des centrales au gaz naturel et des raffineries américaines (tel que calculé par l’EPA) par le taux d’émission de méthane par rapport au CO2 déterminé dans l’étude, les auteurs des travaux ont estimé que les émissions de méthane provenant des raffineries et des centrales au gaz des États-Unis étaient 20 fois plus élevées que ce qui est présentement rapporté.
Ces nouvelles informations sont importantes, puisque le méthane – le principal ingrédient du gaz naturel – contribue fortement aux changements climatiques à court terme. Le méthane perdu dans l’atmosphère représente également un gaspillage de ressources énergétiques.
Des chercheurs de l’Université Purdue ont fait voler un laboratoire chimique aérien au-dessus de centrales au gaz naturel et de raffineries pour mesurer les émissions de gaz à effet de serre, en utilisant une technique d’équilibrage des masses pour quantifier les émissions de méthane de de CO2 sur les sites de trois centrales et trois raffineries. Bien que les résultats soient basés sur un petit échantillon, les conclusions soulignent la nécessité d’une meilleure détection des fuites et d’une mise en avant des méthodes permettant de réparer les éventuels problèmes.
Résultats surprenants
La majorité des émissions de méthane n’étaient pas liées aux dégagement de CO2 provenant des cheminées, mais plutôt d’autres parties des installations, comme les compresseurs, les turbines à vapeur, les chaudières et les condensateurs. Cela indique que le gaz naturel fuit avant d’être brûlé pour générer de l’énergie. Quant aux sources de combustion, qui, estime l’EPA, n’entraînerait actuellement que de faibles émissions, elles ne représenteraient que de 10 à 20% de l’ensemble des émissions de méthane des installations.
Le gaz naturel est décrit comme un combustible fossile moins polluant pouvant remplacer le charbon, et est partie intégrante de la transition vers une économie s’appuyant sur un cocktail énergétique moins lourd en carbone. Les centrales électriques des États-Unis consomment actuellement plus du tiers du gaz naturel produit dans ce pays, et le volume devrait augmenter au fur et à mesure que les forces du marché alimentent la disparition progressive du charbon.
Mais pour que le gaz naturel respecte ses promesses, les émissions de méthane causées par des fuites, des relâchements et des pics de production doivent être maintenues à un minimum. Découvrir l’emplacement des fuites et réparer les problèmes à leur origine dans l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement gazière et pétrolière continue d’être la solution la plus efficace pour parvenir à cet objectif, indique-t-on dans l’étude.