Cela ne pouvait sans doute se produire que chez Nintendo. Si d’autres fabricants de consoles de jeux vidéo ont religieusement installé des disques durs toujours plus volumineux dans leurs produits, le vétéran japonais a toujours été parcimonieux en matière d’espace de stockage.
Selon ce qu’écrit The Guardian, la prochaine console de Nintendo, l’étrange Switch, ne contient que 32 gigaoctets d’espace disque interne, dont 4 gigaoctets sont réservés pour le système d’exploitation. Bien sûr, cela permet de réduire les coûts de production, mais c’est également un problème.
Cette semaine, la page internet officielle pour la version japonaise de la Switch a révélé une série de titres à venir sur la nouvelle console, en plus de la taille des différents jeux. L’un de ces jeux, un ensemble double des titres Dragon Quest Heroes I et II, pèserait… 32 gigaoctets. Ce qui signifie que si le consommateur se procure la version numérique sur la boutique en ligne de Nintendo, le jeu ne pourra pas être entièrement installé sur la console.
Il faut toutefois nuancer ce constat: Dragon Quest Heroes I et II regroupe deux jeux complets lancés sur la plateforme PlayStation, ce qui fait gonfler le volume de la proposition ludique. La taille des autres jeux varie généralement entre 1 et 5 gigaoctets, et le prochain épisode des aventures de Link, Legend of Zelda: Breath of the Wild exige 13,4 gigaoctets.
De plus, contrairement à la PlayStation 4 et à la Xbox One, la Switch n’exige pas que les jeux soient physiquement installés sur le disque dur de la machine pour y jouer, alors si les consommateurs s’en tiennent aux versions sur carte mémoire, l’espace disque ne devrait pas être un problème. Mais dans le cas où passer par la boutique en ligne serait plus intéressant, il faudra éventuellement se rabattre sur une carte MicroSD supplémentaire pour obtenir de l’espace de stockage en plus. Une carte de 128 gigaoctets se vend aux alentours de 60 $ au Canada.
Bien entendu, les gens s’intéressant à Nintendo ne devraient pas être surpris. Lors du lancement de la Wii U, on en comptait deux versions: une déclinaison de base avec seulement 8 gigaoctets d’espace disque, et une version de pointe avec un total de… 32 gigaoctets. Avant cela, la Wii ne disposait même pas d’un disque dur – seulement de 512 mégaoctets de mémoire flash et d’une fente pour carte MicroSD. D’ailleurs, il était même impossible pour les détenteurs de Wii, au départ, de télécharger des jeux et du contenu numérique directement sur une carte MicroSD. Il a fallu attendre 2008 pour que la compagnie aille de l’avant en ce sens: « Nous devons régler le problème de l’espace de stockage insuffisant », déclarait celui qui était alors président, Satoru Iwata.
Ce problème récurrent d’espace disque sera-t-il une épine dans le pied des joueurs? Pour la plupart d’entre eux, pas vraiment, d’autant plus qu’aucune date n’est avancée, pour l’instant, pour la sortie de Dragon Quest Heroes I et II à l’extérieur du Japon. Cependant, dans une industrie où un grand nombre de jeux intéressants sont produits par des développeurs indépendants qui ne peuvent s’appuyer que sur les plateformes numériques pour distribuer leurs produits afin de contrôler leurs coûts, cette question pourrait être complexe. La Switch doit être lancée sans jeu intégré, encore une fois pour réduire les coûts au maximum, mais si les acheteurs doivent se procurer un jeu et une carte SD, le prix vient d’augmenter.
En fait, lorsque Nintendo réussit sur tous les autres plans, l’espace disque n’est pas un problème. La Wii, avec sa mémoire flash minimale, s’est écoulée à plus de 100 millions d’exemplaires. Pour cet appareil ayant atteint le statut de classique de l’industrie, la notion de mémoire ne concerne plus le disque dur, mais plutôt les souvenirs de voir grand-maman jouer au tennis dans le salon, manette à la main.
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