Dans le cadre d’un défi implicitement lancé au président américain Donald Trump, la Corée du Nord a tiré un missile balistique, tôt dimanche matin, dans le cadre d’un premier test du genre pour l’année 2017.
Les médias d’État nord-coréens ont indiqué que le leader Kim Jong-un se trouvait sur le site pour observer le lancement et avait manifesté sa satisfaction quant à l’expansion des capacités de frappes stratégiques de Pyongyang.
Un reportage sur le lancement transmis lundi matin par l’Agence de presse centrale de Corée du Nord a précisé que M. Kim avait observé l’événement à partir d’un poste de vigile et avait donné l’ordre de tirer l’arme Pukguksong-2, qui, a-t-on fait savoir était « un nouveau système d’arme stratégique ».
Il est estimé que le missile aurait volé sur près de 500 kilomètres avant de plonger dans les eaux internationales.
Le reportage a ajouté que le test avait prouvé « la fiabilité et la sécurité » d’un nouveau système de lancement mobile, le carburant solide qui a été employé, ainsi que les capacités de guidage et de contrôle du missile. Toujours selon le média d’État, le missile pourrait être « équipé d’une tête nucléaire ».
Pyongyang a aussi laissé entendre que le lancement avait été effectué de façon à offrir un tir à une altitude plus élevée, réduisant ainsi la portée de l’arme, pour « prendre en considération la sécurité des pays voisins ».
Le leader nord-coréen aurait déclaré que « notre industrie de production de fusées s’est résolument tournée vers du carburant solide, délaissant le carburant liquide, et s’est tournée vers la création, et non plus seulement la copie d’autres engins ». « Grâce au développement de ce nouveau système d’armes stratégiques, notre armée est capable d’accomplir ses devoirs stratégiques de façon précise et rapide à n’importe quel endroit. »
La Corée du Nord a mis en garde à propos du fait qu’elle était prête à tester son premier missile balistique intercontinental. De son côté, le Commandement stratégique américain a toutefois dit avoir détecté et suivi ce qui a été présenté comme un missile de portée moyenne ou intermédiaire. Les nouvelles du lancement ont été diffusées alors que le président Trump accueillait le premier ministre japonais Shinzo Abe, et quelques jours avant que le Nord ne célèbre l’anniversaire du défunt père de Kim Jong-un, Kim Jong-il.
Après avoir été informé du tir, M. Trump s’est présenté aux côtés de M. Abe dans sa résidence de Floride, reprenant l’expression « intolérable » assénée par le premier ministre japonais.
M. Abe a ainsi lu une brève déclaration exigeant de Pyongyang qu’elle respecte entièrement les résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies sur cette question. Il a affirmé que M. Trump l’avait assuré de l’appui américain, et que la présence de ce dernier démontrait la détermination et l’engagement du président.
L’état-major sud-coréen a fait savoir par voie de communiqué que le missile avait été tiré près de Banghyon, dans la province de Pyongan-Nord, où, affirment des responsables sud-coréens, le Nord aurait testé son puissant missile intermédiaire Musudan les 15 et 20 octobre derniers.
Le missile s’est écrasé dans l’océan entre la péninsule coréenne et le Japon, aux dires du Commandement stratégique américain. Le gouvernement japonais a précisé que l’arme n’avait pas touché les eaux nationales.
La Corée du Nord a effectué deux tests nucléaires et lancé une poignée de fusées l’an dernier, dans le cadre de démarches visant à développer ses programmes d’armes atomiques et de missiles. Dans son discours du nouvel an, Kim Jong-un a déclaré que le pays avait atteint les étapes ultimes pour tester un missile balistique intercontinental, ce qui représenterait un pas déterminant dans ses efforts pour représenter une menace nucléaire crédible envers les États-Unis.
Bien que Pyongyang eut été relativement silencieuse à propos de la transition politique aux États-Unis, ses médias d’État ont plusieurs fois appelé Washington à abandonner sa « politique hostile », en plus de s’engager à poursuivre les programmes de développement nucléaire et de missiles, jusqu’à ce que les États-Unis modifient leur approche diplomatique.
Le premier ministre sud-coréen – et président par intérim – Hwang Kyo-ahn a déclaré que son pays punirait la Corée du Nord pour le lancement du missile. Les Affaires étrangères ont précisé que Séoul continuerait de travailler avec ses alliés, y compris les États-Unis, le Japon et l’Union européenne, pour s’assurer d’une mise en place complète des sanctions contre la Corée du Nord, histoire de faire réaliser au pays qu’il « ne pourra jamais survivre » sans en finir avec ses programmes nucléaire et balistique ».