Le réseau social Twitter a annoncé mardi qu’il déployait des efforts supplémentaires pour protéger ses utilisateurs contre les abus et le harcèlement, y compris en empêchant les utilisateurs bannis de créer de nouveaux comptes, ainsi qu’en ajoutant une fonction de recherche « sécuritaire ».
En juillet, Twitter bannissait l’agitateur conservateur Milo Yiannopoulos, l’un des patrons du site de nouvelles xénophobe, raciste et misogyne Breitbart, pour « participation ou avoir incité au harcèlement systématique contre certains individus ». Twitter a par la suite suspendu les comptes d’autres membres importants de la mouvance alt-right, un mélange de racisme, de nationalisme blanc, de xénophobie et de misogynie.
Twitter est vivement critiqué pour s’être montré peu efficace pour contrer la haine et le harcèlement sur son service depuis son lancement, il y a une décennie. Sa réputation de lieu de défense de la liberté d’expression est entrée en conflit avec des efforts visant à protéger les utilisateurs.
L’offensive numérique n’est pas limitée à l’extrême-droite. En août, Twitter a dit avoir suspendu quelque 360 000 comptes, durant l’année précédente, pour avoir violer ses politiques concernant la promotion du terrorisme et de l’extrémisme violent. Mais l’entreprise a fait savoir que les changements annoncés mardi « n’avaient pas de lien avec ce sujet et portaient sur les abus et le harcèlement ».
Twitter a également fait savoir qu’il lançait une fonctionnalité de « recherche sécuritaire » qui fait disparaître des résultats les tweets comprenant du contenu potentiellement choquant et les messages publiés par des comptes bloqués ou mis en sourdine.
La compagnie accordera aussi moins de visibilité à certaines réponses, pour que les conversations les mieux liées aux intérêts des internautes occupent plus d’espace.
Récemment, d’autres entreprises numériques ont elles aussi posé divers gestes pour contrôler les comportements abusifs et bannir les utilisateurs qui violent les règles contre la promotion de la haine. L’agrégateur de contenu Reddit a sinsi banni une sous-section destinée aux nationalistes blancs, mercredi dernier. Un message affiché sur la sous-section r/altright précisait que l’interdit avait été appliqué en raison d’une « prolifération inacceptable d’informations personnelles et confidentielles ».
Pour Jennifer Grygiel, professeure adjointe en communications à l’Université de Syracuse, Twitter s’appuyait encore trop fortement sur ses utilisateurs pour démasquer et signaler les contenus offensants. « J’ai une solution toute simple: embauchez plus d’humains », dit-elle.
De leur côté, les dirigeants de l’Anti-Defamation League et du Souther Poverty Law Center (SPLC) disent communiquer fréquemment avec les entreprises numériques pour rapporter les agissements haineux de leurs utilisateurs. « C’est une partie qui ne semble jamais vouloir finir », mentionne Mark Potok du SPLC. « C’est un peu comme un jeu où il faut taper sur la tête des marmottes avec une masse. »