Angela Merkel a semble-t-il obtenu des conservateurs eurosceptiques polonais la promesse d’une coopération plus étroite, mardi lors d’une visite à Varsovie consacrée à l’avenir de l’Union européenne.
La chancelière allemande a besoin du soutien de la Pologne, méfiante à l’idée de confier des pouvoirs accrus à Bruxelles, pour parvenir à un accord sur des réformes de l’UE d’ici au 60e anniversaire du Traité de Rome, en mars.
Depuis l’arrivée au pouvoir à Varsovie, en 2015, du parti Droit et Justice (PiS), formation conservatrice eurosceptique, la Pologne pousse en faveur d’une révision des traités afin de redonner davantage de pouvoir aux pays membres.
Les relations entre les conservateurs polonais et leur voisin allemand sont tendues, Kaczynski ayant multiplié les critiques à l’égard de la politique allemande en Europe afin de cimenter autour de lui les positions nationalistes de son électorat.
Mais, selon des diplomates, le gouvernement polonais semble prêt à revoir sa position sous les effets conjugués du Brexit et de l’arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche qui pose la question de la sécurité en Europe et de la politique de la Russie considérée en Pologne comme l’ennemi héréditaire.
Kaczynski n’occupe aucune fonction gouvernementale mais son influence est majeure en tant que dirigeant du parti au pouvoir. Dans une autobiographie publiée en 2011, il estimait que l’Allemagne cherchait à « soumettre » la Pologne à son autorité.
Mais il est sorti d’un entretien d’une heure avec la chancelière allemande en parlant d’une « bonne atmosphère ». « Mon sentiment est que cette visite aujourd’hui apportera de bons résultats », a déclaré le chef du PiS.
Le social-démocrate mal vu
S’il s’est souvent montré critique à l’égard d’Angela Merkel, le leader conservateur apparaît désormais favorable à un quatrième mandat de la chancelière car l’arrivée aux commandes du social-démocrate Martin Schulz serait moins favorable à la Pologne.
« Merkel serait le mieux pour nous », a confié Kaczynski au quotidien allemand Frankfurter Allgemeine Zeitung. « En particulier, maintenant que son rival est M. Schulz. » Schulz avait provoqué la colère du gouvernement polonais en 2015 en estimant que le refus des autorités polonaises d’accepter des réfugiés en provenance du Proche-Orient et d’Afrique du Nord constituait une entorse à la solidarité européenne.
Le ministre polonais de l’Intérieur Mariusz Blaszczak avait répliqué en accusant Martin Schulz d' »arrogance allemande » et ajouté que les Allemands n’étaient pas habilités à critiquer les Polonais pour avoir massacré des dizaines de milliers d’entre eux pendant la Seconde Guerre mondiale.
« Je crois que la Pologne se sent vulnérable dans l’environnement actuel avec Trump faisant des ouvertures à la Russie et la Grande-Bretagne quittant l’UE », a expliqué un diplomate allemand. « Cela pourrait les pousser vers l’Allemagne », a-t-il ajouté.
La Pologne a toujours considéré la Grande-Bretagne comme un allié objectif en raison de la position intransigeante de Londres à l’égard de la Russie dans le conflit en Ukraine et sur la question de la coopération européenne en matière de défense.
Les principaux obstacles au rapprochement germano-polonais tiennent d’une part au refus de Varsovie d’assumer sa part d’effort dans la gestion de la crise des réfugiés et d’autre part aux inquiétudes nées d’une possible dérive autoritaire du gouvernement conservateur polonais.
Le principal terrain d’entente réside dans la volonté commune, exprimée à Berlin et à Varsovie, d’une coopération accrue dans le domaine de la défense une fois le Brexit achevé.