Le Sénat a confirmé mercredi la nomination de Rex Tillerson à la tête du département d’État, où les dossiers chauds se sont accumulés ces derniers jours.
L’ex-patron d’Exxon Mobil, dont le choix a été approuvé par 56 voix contre 43 malgré les inquiétudes suscitées par ses liens avec la Russie, aura fort à faire pour désamorcer les crises provoquées par les décrets de Donald Trump jusqu’au sein de son administration.
Les motifs de préoccupation ne manquaient déjà pas, entre la poursuite du conflit syrien, les provocations de la Corée du Nord, qui promet de tester prochainement un missile intercontinental, ou l’assurance de plus en marquée de la Chine et de la Russie sur la scène internationale.
Mais, dans les douze jours ayant suivi son investiture, le nouveau locataire de la Maison-Blanche a encore aggravé la situation avec une série de décisions qui, pour les professionnels de la diplomatie, sont loin de servir les intérêts de Washington. « On a marqué contre notre camp », juge un membre éminent de l’exécutif ayant requis l’anonymat. « Il y a toujours des ratés et des tensions à l’arrivée d’une nouvelle administration. Ce n’est pas nouveau, mais cette fois c’est pire que d’habitude. »
Jeudi dernier, le président mexicain, Enrique Peña Nieto, a pris la décision d’annuler la rencontre prévue mardi avec Donald Trump, qui avait signé la veille un décret autorisant la construction d’un mur à la frontière et promis à nouveau de le faire financer par Mexico.
Vendredi, le nouveau président des États-Unis a suspendu l’accueil des réfugiés et interdit provisoirement aux ressortissants de sept pays musulmans de se rendre aux États-Unis, ce qui lui a valu les foudres d’une bonne part de la communauté internationale, mais aussi celles de fonctionnaires du département d’État.
Difficultés
Neuf cents d’entre eux ont signé une note dénonçant cette
décision, selon une source proche de l’initiative. Alors que
cette fronde tout à fait inhabituelle s’ébruitait, Sean Spicer,
porte-parole de la Maison blanche, a invité lundi les membres de
l’administration en désaccord avec leur chef à « adhérer à son
programme ou à prendre la porte ».
En plus des tensions internationales, Rex Tillerson devra donc désamorcer une crise interne. « Il va commencer avec un handicap et devra s’employer pour gagner la confiance de ses homologues étrangers comme celle du personnel du département d’Etat », estime John Bellinger, conseiller juridique du ministère sous la présidence de George W. Bush.
Sans même parler de consultations avec le Congrès ou avec les alliés des Etats-Unis, plusieurs membres de la nouvelle équipe et de celles qui l’ont précédée doutent que le décret de vendredi ait fait l’objet d’un réel débat au sein du gouvernement avant d’entrer en vigueur.
John Kelly, secrétaire à la Sécurité intérieure, aurait lui-même été pris de court. Selon le New York Times, il en a été informé lors d’une téléconférence avec la Maison-Blanche au moment-même où Donald Trump le signait.
L’idée que le président puisse prendre des décisions sans consulter les membres de son gouvernement risque de nuire à la crédibilité du nouveau secrétaire d’État, souligne Loren DeJonge Schulman, une ancienne du Pentagone qui a siégé au conseil de sécurité nationale.
« Le pouvoir et l’influence du secrétaire d’État découlent en premier lieu de l’idée qu’il parle au nom du président », souligne-t-elle.
Rencontre au sommet
Par ailleurs, le ministre allemand des Affaires étrangères, Sigmar Gabriel, a annoncé qu’il se rendrait aux États-Unis pour y rencontrer son homologue.
M. Gabriel a précisé qu’il chercherait à obtenir des réponses sur la politique étrangère de la nouvelle administration Trump, ses relations avec l’OTAN et d’autres questions d’importance. « Le monde ne nous attendra pas. Il y a des questions urgentes sur l’agenda mondial sur lesquelles l’Allemagne et l’Amérique, ainsi que l’Europe et l’Amérique, devraient se coordonner de manière étroite », a déclaré le chef de la diplomatie allemande dans un communiqué.