Le président américain élu Donald Trump a déclaré dimanche que les États-Unis n’étaient pas forcément tenus de se conformer au principe de la « Chine unique », comme ils le font depuis 40 ans.
La déclaration de Donald Trump à la chaîne Fox News se voulait une réponse à la protestation diplomatique de Pékin après un entretien téléphonique entre le président élu et la présidente taïwanaise le 2 décembre.
« Je comprends parfaitement le sens du principe de la ‘Chine unique’ mais je ne vois pas pourquoi nous devrions être tenus à une politique de ‘Chine unique’ à moins que nous ne concluions un accord avec la Chine sur d’autres sujets, comme le commerce », a-t-il dit.
Son entretien téléphonique avec la présidente Tsaï Ing-wen a été le premier du genre entre les chefs d’État américain et taïwanais depuis que Jimmy Carter a rétabli les relations diplomatiques avec Pékin en 1979 et accepté le principe que l’île nationaliste fait partie de la Chine.
La question de Taïwan est particulièrement sensible à Pékin, qui n’a pas encore réagi aux derniers propos de Donald Trump.
Le Global Times, un quotidien publié par le Parti communiste chinois, a jugé lundi dans un éditorial que Donald Trump se comportait « comme un enfant naïf » en matière diplomatique et a souligné que la « politique de la Chine unique » n’était « ni à vendre, ni à acheter ». Lors que l’heure sera venue, la Chine continentale lancera une série de « nouvelles mesures décisives vis-à-vis de Taïwan », prévient le quotidien.« Nous prouverons que jamais les États-Unis n’ont été capables de dominer le détroit de Taïwan et que le désir de Trump de vendre la politique de la Chine unique à des seules fins commerciales est une tactique puérile.
Après l’entretien du 2 décembre, la Maison-Blanche s’était empressée d’assurer à la Chine que sa position en la matière n’avait pas changé.
Dans son entretien à Fox News, Donald Trump a expliqué qu’il aurait été « très irrespectueux » de ne pas prendre l’appel de la président taïwanaise, précisant que leur échange avait été « court » et « plaisant ». « Pourquoi un autre pays devrait-il pouvoir me dire que je ne peux pas prendre un appel? », a-t-il demandé.
Affrontement
Plusieurs observateurs de la vie politique américaines ont accueilli avec scepticisme les propos de l’homme d’affaires, jugeant pour certains d’entre eux qu’ils étaient de nature à provoquer une confrontation militaire s’il continuait à entretenir le flou sur ses intentions dans le dossier taïwanais. « La Chine est sans doute prête à laisser sa relations avec Washington se détériorer afin de montrer qu’elle est déterminer sur la question de Taïwan », estime ainsi Jessica Chen Weiss, enseignante en sciences politiques à l’université de Cornell et spécialiste du nationalisme chinois.
« Lorsque l’on prend la décision de mettre fin à des pratiques qui remontent à tant de décennies sans le moindre avertissement et sans communication claire, on alimente les malentendus et les risques d’erreurs de calcul et on jette les bases d’une crise entre les États-Unis et la Chine », poursuit-elle.
Mike Green, ancien conseiller du président George W. Bush pour l’Asie, pense de son côté que mettre fin à la politique de la « Chine unique » serait une erreur car cela précipiterait les relations sino-américaines dans une zone de turbulences et mettrait en péril la coopération avec Pékin dans d’autres, dossiers, celui de la Corée du Nord, par exemple.
Il pense toutefois que Donald Trump n’a pas eu l’intention d’aller trop loin dans ce dossier et qu’il n’était pas inutile de faire comprendre à Pékin qu’il ne se laisserait pas dicter sa politique sur des dossiers comme celui de Taïwan. « Le président Obama été accommodant trop vite avec Pékin ce qui a réduit sa marge de manoeuvre sur d’autres dossiers, comme ceux des mers de Chine du Sud et de l’Est », observe-t-il.