Aux États-Unis, bloquer les publicités sur le web pourrait entraîner un débat animé. En Allemagne, vous pourriez avoir à tenir ce débat devant un juge.
Eyeo GmBH, l’entreprise qui a développé Adblock Plus, a dû se défendre en cour pas moins de six fois, contre des éditeurs qui affirment que bloquer des publicités en ligne viole la loi allemande. L’entreprise de blocage de pubs a désormais gagné toutes ces poursuites au premier échelon administratif, et l’une de ces affaires a fait l’objet d’un appel. D’autres procédures suivent leur cours devant les tribunaux.
Selon ce que rapporte Ars Technica, la plus récente poursuite a été intentée par l’une des plus importantes compagnies médiatiques d’Allemagne, Spiegel Online, qui gère le magazine d’actualité Der Spiegel. Plus tôt cette semaine, Eyeo a révélé que ses avocats avaient été contactés par téléphone pour se faire dire que la poursuite avait été abandonnée. Le raisonnement du juge ne sera pas connu avant qu’une décision écrite ne soit publiée, plus tard cette semaine.
« Chaque poursuite vise la même chose », mentionne Ben Williams, directeur des communications chez Eyeo, en entrevue avec Ars Technica. « Elles affirment que nous ne devrions pas offrir un service qui permet aux utilisateurs de bloquer les publicités. »
La poursuite intentée par Spiegel Online, comme les précédentes poursuites, s’appuyait sur l’idée que le modèle d’affaires d’Eyeo contrevenait à la loi allemande sur la concurrence déloyale. Eyeo exige d’importants paiements de la part des entreprises pour que les publicités de ces dernières soient autorisées, et insiste également sur le fait que les « publicités acceptables » doivent respecter certains critères. Habituellement, le paiement représente environ 30% des revenus générés par les utilisateurs d’Adblock Plus qui sont exposés aux publicités autorisées en question.
Selon M. Williams, le fait qu’Eyeo possède une telle source de revenus est ce qui lui permet de se battre en cour au bénéfice de tous les logiciels similaires au leur. « Si les éditeurs allemands le pouvaient, ils feraient fermer tous les bloqueurs de publicité qui existent. Ils intenteraient des poursuites similaires, que ce soit contre Adblock Plus, uBlock origin, ou un développeur artisanal mettant au point un logiciel dans son sous-sol. Tout cela serait illégal, en gros. »
Le cas porté en appel, propulsé par l’éditeur Axel Springer, a entraîné une victoire partielle pour l’entreprise. Eyeo a été forcée de modifier la façon dont elle offre aux publicitaires de faire approuver leurs pubs. Cependant, le tribunal a quand même jugé qu’Axel Springer devrait respecter les critères imposés par Eyeo. Le dossier fait actuellement l’objet d’un appel intenté par Eyeo.
De 15 à 20% des internautes allemands sont des utilisateurs d’Adblock Plus, selon un précédent jugement s’appuyant sur des données internes du programme.