La plus grande structure terrestre mobile jamais construite est venue coiffer mardi la centrale nucléaire de Tchernobyl dont elle devra isoler pendant une centaine d’années le réacteur n°4 et son sarcophage endommagé.
Aux premières heures du 26 avril 1986, la fusion de ce réacteur a projeté dans l’atmosphère des nuages chargés de particules radioactives dont les effets sanitaires se font encore sentir aujourd’hui. La catastrophe la plus grave de l’histoire du nucléaire civil a fait 50 000 déplacés et mis en évidence les déficiences du système soviétique.
Des tonnes de béton ont alors été coulées à la hâte sur le réacteur pour stopper la propagation des particules radioactives, mais une solution plus durable a été mise à l’étude en 2001 et la construction de l’arche de confinement a débuté onze ans plus tard.
Quatre jours ont été nécessaires pour la placer au-dessus du site. Visible à des kilomètres, elle permettra d’achever le démantèlement du réacteur.
La construction de l’ouvrage a été réalisée par Novarka, un consortium rassemblant les entreprises françaises Vinci Construction et Bouygues Construction. Au total, la construction et la mise en place ont coûté deux milliards d’euros. Une quarantaine de pays ont participé au financement, coordonné par la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD).
Défi technologique
« Que la terre entière constate aujourd’hui ce dont l’Ukraine et le reste du monde sont capables quand ils unissent leurs forces, comment nous sommes parvenus à protéger le monde de la contamination et des menaces nucléaires », a déclaré le président ukrainien Petro Porochenko.
L’hyperstructure de 257 mètres de long, 162 de large et 108 de haut pour un poids total de 36 000 tonnes a été conçue pour résister à des températures et des conditions atmosphériques extrêmes, ainsi qu’à la corrosion.
« Nous sommes très fiers d’avoir pu contribuer activement à la réalisation de ce défi technologique unique au monde », dit Nicolas Caille, directeur du projet Novarka, dans un communiqué diffusé par Vinci.
« L’arche de confinement de Tchernobyl est une véritable prouesse d’ingénierie qui permettra d’offrir des conditions de sécurité optimales au peuple ukrainien pour les 100 prochaines années », ajoute-t-il.
Malgré la mise en place de l’arche, une zone de 2600 kilomètres carrés autour du site – une surface équivalente à celle du Luxembourg – resteront inhabitables et interdits aux visiteurs.