Les électeurs suisses ont rejeté dimanche une proposition visant à fermer les cinq centrales nucléaires du pays après 45 ans d’activité.
Selon ce que rapporte le site web swissinfo.ch, l’initiative du Parti vert a été rejetée par 54,2 % des participants au scrutin, selon les résultats finaux. Seuls six des 26 cantons du pays, principalement dans les régions francophones, se sont prononcés en faveur de la fermeture.
Malgré la défaite, Regula Rytz, présidente du parti, a favorablement accueilli les résultats du vote. « Le fort nombre de voix en faveur (de la proposition) confirme que les citoyens veulent une sortie du nucléaire à long terme », a-t-elle déclaré.
Selon le Parti socio-démocrate, l’ère nucléaire tire à sa fin; de son côté, l’organisation Greenpeace a décrit les résultats comme un « coup de règle sur les doigts » de l’industrie nucléaire.
Confiance
Au dire de la ministre de l’Énergie Doris Leuthard, les résultats constituent un vote de confiance envers le gouvernement et sa stratégie énergétique. « Les électeurs ne veulent pas de fermeture hâtive des centrales nucléaires. Un changement de politique n’est pas envisageable d’une journée à une autre », a-t-elle déclaré en conférence de presse.
De son côté, l’association des compagnies énergétiques estime que le résultat du référendum constitue une décision basée sur le « bon sens ». Quant à la Fédération suisse des entreprises, économiesuisse, elle souligne que les électeurs voulaient s’assurer que l’approvisionnement en électricité serait maintenu et qu’il ne faudrait pas dépendre d’importations.
La participation au scrutin de dimanche était moyenne, soit 45%. Plus de 106 000 citoyens, y compris des Suisses vivant à l’étranger, ont pu voter en ligne dans le cadre d’un processus de test du vote via le web. Près de 26% d’entre eux ont utilisé ce processus, selon la Chancellerie fédérale.
Sécurité
Les partisans de la proposition ont argué que la sécurité des vieux réacteurs, en opération depuis le début des années 1970, ne pouvait plus être garantie. Ils en appellent plutôt à une efficacité énergétique accrue et à l’emploi de sources énergétiques renouvelables.
« Une sortie ordonnée permet d’assurer la sécurité et protège notre pays », selon le slogan de campagne du comité en faveur de l’initiative.
Si cette dernière avait été approuvée, trois centrales auraient cessé leurs activités aussi rapidement que l’an prochain, et la Suisse aurait mis fin à la production d’énergie nucléaire d’ici 2029. La plupart des réacteurs suisses fonctionnent selon des licences illimitées, qui doivent être approuvées par les autorités réglementaires.
La proposition était soutenue par une alliance de partis de gauche, de syndicats et d’organisations environnementales.
Mise en garde
Les opposants, y compris les principaux partis centriste et de la droite présents au parlement, ainsi que la communauté des gens d’affaires, ont dépeint la proposition comme étant risquée et trop rapide. Selon eux, cela aurait créé plus d’incertitude, et ils affirment que le pays aurait dû augmenter ses importations d’énergie, principalement à partir de centrales au charbon allemandes et de réacteurs nucléaires français.
Dans les jours précédant le scrutin du 27 novembre, les opposants ont mis en garde contre le fait que la sortie du nucléaire pourrait entraîner des pannes et mener à des demandes de compensation financière de la part des exploitants des centrales.
Stratégie énergétique
À la suite de la catastrophe nucléaire de Fukushima, le gouvernement suisse a décidé en 2011 d’adhérer, en principe, à l’idée d’une sortie du nucléaire d’ici 2034. Dans le cadre de sa stratégie énergétique, l’État a ainsi recommandé de cesser les activités de tous les réacteurs et de faire la promotion de l’énergie hydroélectrique, des énergies renouvelables et des centrales au gaz.
En septembre dernier, le Parlement a approuvé une stratégie énergétique, mettant fin à plus de deux ans de débat. Le programme en question prévoit un renforcement du recours aux énergies renouvelables et interdit la construction de centrales nucléaires. Cependant, il n’impose pas de date pour la fin des activités des réacteurs existants.
Mécontent de cette stratégie à l’horizon 2050, le Parti suisse du peuple (droite) conteste la loi, critiquant les subventions gouvernementales prévues pour les énergies vertes.