Le gouvernement américain a fait part vendredi de ses inquiétudes par rapport à la décision russe de bloquer l’accès du public au site de réseautage professionnel LinkedIn, affirmant que cela créait un précédent pouvant être employé pour justifier le blocage d’autres sites fonctionnant en Russie.
LinkedIn, dont le siège social se situe aux États-Unis, est le premier réseau social d’importance à être bloqué en vertu d’une nouvelle loi qui oblige les entreprises détenant des données sur des citoyens russes à stocker ces informations en sol russe.
Selon des analystes des services internet, d’autres entreprises, incluant Facebook et Twitter, pourraient également être bloquées à moins qu’elles ne transfèrent des données sur des serveurs basés en Russie.
Maria Olson, porte-parole de l’ambassade américaine à Moscou, a fait savoir que Washington avait pressé les autorités russes de restaurer immédiatement l’accès à LinkedIn, en plus d’affirmer que ces restrictions nuisaient à la concurrence et au peuple russe.
Vendredi, toute personne tentant d’accéder au site web de LinkedIn via le fournisseur russe MTS obtenait un message en russe indiquant: « L’accès à cette ressource est restreinte. » Les tentatives d’accéder au même site via Vimpelcom, un autre important fournisseur, ont donné le même résultat.
Au dire du gouvernement russe, les nouvelles obligations sont conçues pour s’assurer que les données personnelles sur des consommateurs russes sont correctement protégées, quelque chose qui, dit Moscou, ne peut être accompli que si les serveurs sont sous juridiction russe.
Pour les détracteurs, cependant, cette nouvelle loi fait partie d’une attaque contre les réseaux sociaux dans un pays qui a constamment renforcé son contrôle sur le web. Le Kremlin a nié pratiquer la censure numérique.
Dans un message envoyé par courriel à ses utilisateurs russes, LinkedIn a dit regretter la décision de bloquer l’accès à son service, et tenter d’obtenir des rencontres avec les autorités réglementaires du secteur des télécommunications. « Nous envisageons toutes les possibilités pour résoudre cette situation », mentionne le message.
La firme compte plus de six millions d’utilisateurs enregistrés au pays de Poutine. Les autorités russes ont commencé à agir après qu’un tribunal eut, ce mois-ci, rejeté un appel intenté par LinkedIn contre un précédent jugement pour que le site soit bloqué.
Matthew Hammond, directeur financier chez Mail.ru, qui gère certains des services web les plus populaires de Russie, estime que d’autres gestes seront posés à l’encontre des compagnies refusant de se plier à la législation russe. « Le gouvernement russe fera-t-il respecter le jugement dans une perspective plus large? Je ne le sais pas. On peut raisonnablement supposer que ce sera le cas », a-t-il dit en marge d’une conférence technologique tenue à Barcelone.