Donald Trump devrait profiter jeudi de sa première rencontre en tant que président élu avec un dirigeant étranger – le premier ministre japonais, Shinzo Abe – pour rassurer les alliés asiatiques de Washington que son discours de campagne a inquiété.
Le candidat républicain a en effet paru signer la fin du « pivot » asiatique cher à Barack Obama. Dès son élection en 2008, le président sortant a souhaité réorienter la diplomatie américaine vers la région Asie-Pacifique.
Shinzo Abe et Donald Trump ont certes des divergences sur des sujets comme le libre échange, mais ils pourraient se trouver des points communs lorsqu’ils se verront jeudi, à New York. L’un et l’autre ont à coeur de permettre à leur pays de jouer un plus grand rôle dans le concert des nations et veulent contrer la Chine tout en améliorant les relations avec Moscou.
« Entre le premier ministre Abe et M. Trump, l’alchimie sera bonne », estime Takashi Kawakami, professeur à l’université Takushoku de Tokyo. « Tous les deux tendent à prendre des décisions et à agir à l’intuition. Et tous deux sont des pragmatiques, qui ont pour priorité les intérêts de leur pays ». Un conseiller de Donald Trump a déclaré que le président élu réaffirmerait à l’occasion de cette rencontre son engagement en faveur de l’alliance américano-japonaise et de la région.
Malgré des propos de campagne qui ont laissé planer le doute sur l’appui de Washington, pierre angulaire de la doctrine militaire du Japon depuis la Seconde Guerre mondiale.
Shinzo Abe souhaite pour sa part nouer une relation de confiance avec Donald Trump et prendre la mesure du futur président, dont peu au Japon pensaient qu’il serait élu.
« La priorité numéro un, de loin, c’est d’établir une relation personnelle plutôt que de parler de points précis de géopolitique », dit un responsable japonais au fait des préparatifs de la rencontre.
Nominations attendues
Les propos de campagne de Trump sur la possibilité de voir le Japon se doter de l’arme nucléaire et de demander aux alliés de financer davantage le maintien et l’entretien de troupes américaines sur leur territoire ont suscité des inquiétudes, notamment en Asie.
L’élection de Donald Trump éloigne en outre les espoirs des partisans du Partenariat Trans-Pacifique (TTP) de voir se concrétiser véritablement cet accord de libre échange signé en février, qui est un pilier du recentrage américain vers l’Asie et un élément important des réformes économiques de Shinzo Abe. Selon un collaborateur du président élu, la rencontre de New York « donnera le ton » des relations futures entre Washington et le Japon et le reste de l’Extrême Orient.
« Je pense que le message (…) sera extrêmement rassurant », dit ce collaborateur. « Je m’attends à ce qu’il réaffirme ses engagements envers les alliés et la promesse des États-Unis de
rester à long terme dans le Pacifique ».
Selon certains diplomates, en revanche, tant que Donald Trump n’a pas procédé à certaines nominations cruciales, il sera difficile d’évaluer quelle sera sa politique sur des questions comme le programme nucléaire militaire de la Corée du Nord ou les revendications de Pékin sur une grande partie de la mer de Chine méridionale.
Le New York Times a écrit que certains alliés des États-Unis avaient du mal à contacter Donald Trump et se demandaient comment et quand le faire.
« J’ai reçu et passé des appels avec de nombreux dirigeants étrangers, quoi qu’en dise de façon erronée le New York Times. Avec la Russie, le Royaume-Uni, la Chine, l’Arabie saoudite, le Japon », a-t-il répliqué sur Twitter.
Son équipe de transition a par la suite indiqué que le président élu et son colistier Mike Pence s’étaient entretenus avec une trentaine de dirigeant étrangers.