Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a invité mercredi l’Union européenne à se prononcer rapidement sur la demande d’adhésion de la Turquie au bloc communautaire.
Cet appel a coïncidé avec la publication à Bruxelles du rapport annuel d’évaluation sur les progrès des négociations sur une adhésion de la Turquie à l’UE.
« Évaluez, mais ne tardez pas dans cette évaluation, prenez une décision finale », a déclaré le président turc lors d’un discours prononcé à Istanbul et retransmis en direct à la télévision.
Les relations entre l’UE et Ankara traversent une passe difficile en raison de la vague de répression en cours en Turquie depuis le coup d’Etat militaire manqué du 15 juillet. Mardi, l’UE a fermement appelé le pouvoir turc à renouer le dialogue avec l’opposition et à sauvegarder la démocratie, qualifiant d' »extrêmement préoccupants » les derniers événements survenus dans le pays.
Cet appel a été lancé par Federica Mogherini, Haute Représentante de l’UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité. Un communiqué que le ministère turc des Affaires étrangères a jugé « inacceptable ».
Dans son évaluation annuelle des négociations avec Ankara, l’Union européenne déplore vivement les « reculs » face au respect de l’État de droit enregistrés en Turquie ces derniers mois. Ces reculs concernent notamment, dit-elle, l’indépendance de l’appareil judiciaire, la liberté d’expression et d’autres principes démocratiques fondamentaux, comme la protection des minorités.
Le rapport rappelle que nombre de textes de loi en Turquie « ne sont pas conformes aux standards en vigueur dans l’Union européenne » et s’inquiète de l’éventuelle présentation au Parlement d’un texte rétablissant la peine de mort.
Le ministre turc des Affaires européennes, Omer Celik, a jugé que ce rapport était « loin d’être constructif ».
S’exprimant lors d’une conférence de presse, il a estimé qu’il ne servait pas les intérêts des relations entre Ankara et l’UE et a accusé le bloc de ne plus avoir la vision de ses pères fondateurs.
La Turquie vit sous le régime de l’état d’urgence depuis la tentative de coup d’État militaire. Plus de 110 000 fonctionnaires, policiers, soldats, juges, journalistes et autres ont été arrêtés ou suspendus.
Pilotes arrêtés
Par ailleurs, des procureurs turcs ont ordonné mercredi l’arrestation de 55 pilotes de l’armée de l’air, dans le cadre de la vaste purge en cours depuis le putsch manqué du 15 juillet, ont rapporté la chaîne de télévision NTV et d’autres médias turcs.
Les autorités avaient d’ores et déjà placé en détention plus de 300 pilotes, pour la plupart en service dans une base de la ville de Konya.
Au total, plus de 110 000 personnes – des soldats, des juges, des enseignants, des journalistes – ont été placés en détention ou suspendus de leurs fonctions, et 37 000 ont été mis officiellement en état d’arrestation.
La dernière opération en date visant les partisans du prédicateur en exil Fethullah Gülen, accusé par Ankara d’avoir orchestré la tentative de putsch, a été menée mercredi dans huit provinces, mais c’est surtout Konya qui a été concernée, a précisé NTV.