L’idée de l’entreprise SpaceX consistant à ravitailler ses fusées pendant que des astronautes s’y trouvent pose plusieurs problèmes de sécurité, a confié à la NASA un groupe d’experts qui conseille l’agence spatiale américaine.
« C’est une opération dangereuse », a ainsi déclaré le président du Comité-conseil pour la station spatiale Thomas Stafford, un ancien astronaute de la NASA et un général de l’armée de l’air à la retraite, lors d’une conférence téléphonique tenue lundi.
Selon M. Stafford, les craintes du groupe ont été renforcées par l’explosion d’une fusée automatisée de SpaceX lors d’un plein de carburant, le 1er septembre dernier. Cet accident fait toujours l’objet d’une enquête.
Les membres de ce groupe de huit personnes, qui comprend des vétérans des programmes Gemini, Apollo et de la navette spatiale, ont noté que toutes les précédentes fusées transportant des gens dans l’espace recevaient leur carburant avant que les astronautes ne parviennent sur le pas de tir.
« Tout le monde, et particulièrement les gens qui ont vécu cette expérience au cours des années, affirme que personne ne se trouve près du site de décollage lorsque les lanceurs font le plein », mentionne M. Stafford, en faisant référence à une précédente discussion du groupe à propos de la proposition pour une nouvelle procédure de ravitaillement chez SpaceX.
L’entreprise américaine a besoin du feu vert de la NASA avant de pouvoir utiliser ce nouveau système de lancement pour envoyer des astronautes dans l’espace. L’agence spatiale a indiqué mardi qu’elle « poursuivait l’évaluation du concept de SpaceX pour le ravitaillement de la fusée Falcon 9 en vue de lancements habités commerciaux. Les résultats de l’enquête sur l’accident du 1er septembre seront incorporés dans l’évaluation de la NASA ».
De son côté, SpaceX a dit travailler au développement de ses opérations de lancement d’astronautes « main dans la main » avec la NASA, et avoir passé 18 mois à identifier de possibles risques, et les façons de gérer ces derniers. La compagnie, qui appartient et qui est gérée par l’entrepreneur Elon Musk, également PDG de Tesla Motors, a annoncé qu’elle ré-évaluerait son système de ravitaillement et ses processus de décollage en fonction des résultats de son enquête sur l’accident.
Vendredi dernier, SpaceX a dit croire qu’un problème avec le système de ravitaillement avait entraîné l’explosion d’un réservoir d’hélium sous pression à l’intérieur de l’étage supérieur de la fusée, le 1er septembre, déclenchant un incendie qui a détruit le lanceur et un satellite de communications israélien d’une valeur de 200 millions $ US qui devait être mis en orbite.
SpaceX emploie des carburants liquides extrêmement froids qui sont transférés tout juste avant le décollage pour maximiser la puissance de la fusée, histoire que celle-ci puisse revenir sur Terre et être réutilisée.
Les engins spatiaux de SpaceX destinés à transporter des passagers, dont les vols devraient débuter en 2018, disposeront d’un système d’urgence pouvant emmener la capsule loin d’une fusée avant ou pendant le lancement.
La NASA, qui a mis ses navettes spatiales à la retraite en 2011, a retenu les services de SpaceX et de Boeing pour transporter des équipages vers la Station spatiale internationale. Depuis 2011, les astronautes prennent place à bord de capsules spatiales russes Soyouz, à un prix dépassant les 70 millions $ US par personne.