Un juge sud-africain a décidé mercredi d’autoriser la publication d’un rapport rédigé par la médiatrice de la république sur les accusations de trafic d’influence politique visant une riche famille d’hommes d’affaires proche du président Jacob Zuma.
Le rapport sera disponible à partir de 15h00 GMT sur le site du médiateur de la république, a précisé le magistrat.
Juste avant cette décision de justice, Jacob Zuma avait fait savoir qu’il avait renoncé au recours introduit le 14 octobre devant la Haute cour d’Afrique du Sud afin de retarder la publication du rapport.
Le président sud-africain faisait valoir à l’appui de sa démarche qu’il n’avait pas été en mesure d’interroger lui-même la témoins et n’avait pas eu accès aux éléments de preuve. Cette initiative judiciaire avait eu un effet suspensif sur la publication du rapport. « J’ai reçu pour instruction de retirer le recours(…) », a déclaré mercredi l’avocate de Jacob Zuma, Anthea Platt, sans donner d’explication.
Président depuis 2009, Jacob Zuma, 74 ans, a déjà été pris dans plusieurs scandales mais a toujours réussi à en sortir sans dommage avec le soutien de la direction du Congrès national africain (ANC).
Mais la persistance d’un chômage de masse et le mécontentement public provoqué par ces affaires à répétition placent cette fois le chef de l’État dans une position plus délicate.
Critiques
Jacob Zuma doit répondre de l’influence qu’auraient exercée trois frères hommes d’affaires, Ajay, Atul et Rajesh Gupta, membres d’une riche famille d’origine indienne, dans la désignation de certains ministres.
Le rapport de la médiatrice de la république doit préciser la nature de ces accusations que Zuma réfute, affirmant ne jamais avoir accordé une influence indue aux trois hommes d’affaires, dont les activités vont du secteur des médias à l’exploitation minière.
Plusieurs milliers de personnes – membres de partis d’opposition, militants des droits civiques, syndicalistes et des entrepreneurs – ont pris part mercredi dans la capitale politique de l’Afrique du Sud, Pretoria, à une manifestation contre Jacob Zuma.
« Les Sud-Africains doivent se dresser contre l’anarchie de Zuma », a déclaré le parti d’extrême gauche EFF (Economic Freedom Fighters), qui avait appelé à manifester contre le chef de l’État.
« Nos partisans diront haut et fort que nous refusons de voir notre démocratie, conquise de haute lutte, mise à mal par Jacob Zuma », avait dit pour sa part le parti d’opposition Alliance démocratique.
Une quarantaine de dirigeants de grandes entreprises sud-africaines ont joint leurs voix aux demandes en faveur d’un changement de pouvoir politique.
Même la Fondation Nelson Mandela, association caritative fondée par l’ancien président, a adressé mardi des critiques à Zuma estimant que « les choses allaient de travers » dans le pays.
La monnaie sud-africaine, le rand, s’est raffermi de plus d’un pour cent à l’annonce du retrait du recours présidentiel devant la justice.