Des milliers d’hommes homosexuels et bisexuels condamnés en vertu de lois obsolètes sur la grossière indécence obtiendront un pardon rétroactif, a annoncé le gouvernement britannique dans ce qui est qualifié de victoire « fantastique » pour des des militants.
Selon ce qu’écrit The Independent, en annonçant ce qui a été surnommé la « loi Alan Turing », le ministre de la Justice Sam Gyimah a fait savoir que le gouvernement viserait à mettre le changement en place via un amendement apporté au projet de loi sur la police et la criminalité. Cette modification agirait telle une excuse envers les gens condamnés pour relations avec des partenaires de même sexe avant que l’homosexualité ne soit décriminalisée en 1967.
Le mois dernier, des sources proches de la première ministre Theresa May ont confirmé au quotidien que cette dernière s' »engageait » à déposer le projet de loi. Le ministère de la Justice estime que cet amendement est la manière la plus rapide pour respecter cette promesse.
Ce changement survient après des décennies de mobilisation de la part de la communauté LGBT, et après que la famille du célèbre décrypteur Alan Turing eut présenté une pétition au 10, Downing Streeet, avant les élections de 2015. La pression du public a poussé les grands partis à s’engager à déposer le « projet de loi Alan Turing », en mémoire de l’homme décrit par Winston Churchill comme ayant « effectué la plus importante contribution personnelle à la victoire alliée » durant la Deuxième Guerre mondiale.
En entrevue avec l’Independent, Rachel Barnes, la petite nièce de M. Turing qui milite depuis longtemps à ce sujet, a salué la décision comme étant « absolument merveilleuse ». « C’est un jour historique pour tous ceux ayant été condamnés en vertu de ces lois, et pour leurs familles. La loi sur la grossière indécence a détruit des vies. Alors qu’Alan Turing a reçu un pardon, il est tout à fait juste que ceux qui ont été condamnés pour des raisons similaires reçoivent eux aussi un pardon. C’est une grande nouvelle pour tous ceux qui ont travaillé fort pendant des années pour mener à cette nouvelle législation. »
M. Turing, à la tête de l’équipe qui a cassé le code Enigma et ainsi permis de décrypter les messages nazis, a obtenu un pardon royal posthume en 2013, soit 61 ans après avoir été accusé, dans un poste de police de Manchester, d’activités homosexuelles.
Le mathématicien surdoué, dont les aptitudes au décryptage pourraient avoir réduit la durée de la guerre de deux à quatre ans, a perdu son emploi au sein des services secrets à la suite d’une condamnation pour grossière indécence, et a dû subir une castration chimique par injection d’hormones féminines. Deux ans plus tard, M. Turing s’est suicidé – et on estime à environ 49 000 le nombre de personnes condamnées pour des « crimes » similaires jusqu’à ce que l’homosexualité ne soit plus considérée comme un crime.
L’amendement au projet de loi sur la police et la criminalité – désormais soutenu par le gouvernement – a été mis de l’avant par le Lord Sharkey, un démocrate, qui a lui aussi parlé d’une « journée fantastique pour des milliers de familles qui ont fait campagne sur cette question pendant des décennies ».