Donald Trump, qui ne cesse dire que les élections américaines sont « truquées », a demandé à ses électeurs, jusqu’ici sans grand succès, de se porter scrutateurs bénévoles dans un certain nombre d’États et notamment en Pennsylvanie, État clé pour le Parti républicain à la traîne dans les sondages.
Il est tout à fait légal pour les partis politiques, en Pennsylvanie et ailleurs, de désigner des observateurs dans les bureaux de vote. Un formulaire sur le site de campagne de Donald Trump demande aux électeurs du candidat républicain à la Maison-Blanche de devenir bénévoles pour assister au dépouillement le jour de l’élection présidentielle le 8 novembre, et ainsi d' »empêcher Hillary la véreuse de truquer cette élection ». Mais, cette campagne de recrutement, lancée le 8 août dernier en Pennsylvanie, semble avoir pour l’instant peu de succès.
L’effet est parfois même contraire au but recherché: les propos réitérés du candidat républicain sur le thème du truquage ont conduit certains de ses partisans à se résigner à la défaite électorale, même si les études montrent que la fraude électorale aux États-Unis est extrêmement rare.
À l’inverse, certains groupes de défense des libertés publiques disent craindre que les partisans de Trump n’aient pris l’appel du 8 août trop au sérieux et ne forment des bataillons de surveillance façon vigiles qui auraient pour effet d’intimider les électeurs.
Mark Bowman, 53 ans, qui vit à Shermans Dale, communauté rurale de 5.000 personnes, est plutôt à ranger dans la première catégorie. Il est persuadé que la fraude électorale se pratique à grande échelle, mais estime, comme une vingtaine de partisans du candidat républicain de la partie de Pennsylvanie qui vote traditionnellement pour le Grand Old Party, que cette pratique ne peut être endiguée et que devenir scrutateur c’est aller trop loin.
3000 volontaires
« Je déteste le dire, mais je n’ai pas grande confiance. La fraude électorale est endémique, particulièrement dans les villes », dit-il. Mais, ajoute-t-il, il n’a pas envie d’aller à « l’affrontement » en tant que bénévole dans un bureau de vote. « En tant que citoyen de base, vous allez finir en conflit avec quelqu’un et finir par vous mettre dans de mauvais draps », commente-t-il.
Au niveau national, la candidate démocrate Hillary Clinton devance son rival républicain de quatre points (42% contre 38%), selon le dernier sondage Reuters/Ipsos mené du 13 au 17 octobre. Steve Reigh, 57 ans, agent immobilier à Elliottsburg, pense lui aussi que le scrutin du mois prochain sera sans doute truqué et lui aussi se dit résigné à son issue, quelle qu’elle soit. « Que peut-on faire? », dit-il.
D’autres se veulent plus combatifs et ont visiblement entendu l’appel du 8 août. Jack Posobiec, ancien combattant dans la Navy et directeur des projets spéciaux pour le mouvement « Citizens for Trump », dit espérer mobiliser 3000 volontaires dans plusieurs États clés où l’issue du scrutin est encore indécise, y compris en transportant par autocar des sympathisants du Texas à l’Ohio. Le 1er octobre dernier, Donald Trump a réitéré son appel devant ses partisans à Manheim, un bourg de 5000 habitants dans le centre de la Pennsylvanie. Il leur a demandé de se rendre dans des quartiers autres que les leurs le 8 novembre pour « regarder ».
« Alors, allez voter et ensuite aller vérifier certains secteurs parce qu’il se passe beaucoup de mauvaises choses et que nous ne voulons pas perdre pour cette raison », a déclaré le promoteur immobilier new-yorkais.
À Newport, Gina et Larry Snyder, âgés respectivement de 75 et 77 ans, estiment eux aussi qu’on ne peut pas faire grand chose, même d’être scrutateur, dans une élection truquée.
À Elliottsburg, Candace Lowe, 40 ans, se dit résignée à la défaite de Trump parce que le gouvernement « peut truquer les choses ». Se présenter massivement devant les bureaux de vote n’y changera rien, dit-elle.
À Mechanicsburg, 9000 habitants, l’agent immobilier Steve Johansen a participé à la création d’un bureau de campagne pour Trump dans une patinoire, mais n’a pas l’intention de prendre la surveillance d’un bureau de vote. « J’ai confiance dans le système », dit-il.