Le tribunal administratif de Lille a rejeté mardi la demande d’interdiction du démantèlement du camp de migrants de la « jungle », à Calais, formulée par onze associations en référé-liberté.
Cette décision « conforte le gouvernement dans sa démarche humanitaire et sa détermination à engager le démantèlement du campement de la Lande dans les meilleurs délais et avant la période hivernale », ont réagi les ministres de l’Intérieur et du Logement, Bernard Cazeneuve et Emmanuelle Cosse.
Le démantèlement de la jungle, annoncé par François Hollande en visite à Calais le 26 septembre, pourrait débuter dans la semaine du 24 octobre, selon des responsables d’associations qui interviennent sur le camp.
Dans son ordonnance, le tribunal relève que le principe du démantèlement « ne méconnaît pas le principe de prohibition des traitements inhumains et dégradants », comme le soutenaient les associations.
« Il vise, au contraire, notamment, à faire cesser de tels traitements, auxquels sont aujourd’hui soumis les migrants qui vivent sur ce site, dans des conditions de précarité et d’insécurité dénoncées par tous », ajoute-t-il.
Concernant les mineurs isolés, le tribunal relève que « ceux qui souhaitent aller au Royaume-Uni seront pris en charge, le temps que leur demande soit examinée par les autorités britanniques, qui se sont engagées en ce sens, dans le centre d’accueil provisoire (CAP) situé sur la site de la Lande ». Les autres seront logés dans des centres dédiés, le temps que leur prise en charge soit assurée par les départements, ajoute-t-il.
Environ un millier de mineurs isolés sont présents sur le camp, et environ la moitié d’entre eux aurait de la famille au Royaume-Uni.
Places trouvées
Pour le tribunal, augmenter la capacité d’accueil dans le Calaisis pour y loger les migrants qui souhaitent passer au Royaume Uni « ne saurait être considéré comme une solution car cela ne répondrait pas à la problématique des troubles à l’ordre public et à l’emprise des réseaux de passeurs sur les migrants ».
Dans un communiqué, Bernard Cazeneuve et Emmanuelle Cosse renouvellent leur engagement à ce que chaque personne présente sur la ‘Lande’ « se voie proposer une mise à l’abri humanitaire sur notre territoire dans le respect de ses droits établis ». Chaque personne bénéficiera également « d’un accompagnement correspondant à sa situation », ajoutent-ils.
Depuis un an, 6000 personnes majeures ont d’ores et déjà pu être mises à l’abri grâce aux 3000 places mobilisées par l’État dans 164 Centres d’accueil et d’orientation (CAO), gérés par des associations spécialisées.
Un peu plus de 7000 nouvelles places ont été trouvées récemment pour permettre le démantèlement de la « jungle » où se trouveraient à peu près autant de migrants.
Bernard Cazeneuve avait assigné début septembre aux préfets de trouver 9000 places, un chiffre correspondant à l’estimation des associations, mais jugé surévalué par les autorités.