Le prédicateur musulman en exil Fethullah Gülen, que les autorités turques accusent d’avoir orchestré la tentative de putsch du 15 juillet, déclare dans une interview à l’hebdomadaire allemand Die Zeit être sûr et certain que le président turc, Recep Tayyip Erdogan, est le véritable responsable du putsch.
À la question de savoir si le chef de l’Etat turc a ourdi la tentative de coup de force, Gülen, qui vit en Pennsylvanie, répond par ces mots: « Jusqu’à maintenant, je pensais seulement que c’était une possibilité. Maintenant, je pense que c’est certain ».
Le prédicateur ajoute qu’un officier turc a récemment déclaré que le chef d’état-major général et le chef des services de renseignements s’étaient vus au QG de l’armée le soir du putsch, ajoutant ceci : « Ils savaient déjà tout ce qui allait se dérouler par la suite ».
Selon Gülen, la tentative de coup de force a donné à Erdogan un prétexte pour limoger des milliers de personnes considérées commes des opposants, au sein des ministères, de l’armée, de la police et de l’appareil judiciaire, et de faire arrêter des avocats, des hommes d’affaires, des journalistes. Cela, estime Gülen, avait été préparé à l’avance.
Dans les semaines qui ont suivi le putsch avorté, 100 000 personnes travaillant au sein des services de police, de la fonction publique, de l’armée et de l’appareil judiciaire ont été limogées ou suspendues. Quarante mille autres ont été arrêtées.
État d’urgence
Par ailleurs, le président Recep Tayyip Erdogan a plaidé jeudi pour une prolongation de l’État d’urgence imposé pour une durée de trois mois après le putsch manqué du 15 juillet, estimant qu’une telle mesure serait bénéfique pour la Turquie.
S’exprimant au lendemain de la recommandation faite par le Conseil de sécurité nationale en faveur d’une poursuite du régime d’exception pour trois mois supplémentaire, Erdogan a expliqué que plus de temps était nécessaire pour éradiquer la menace terroriste.
Selon lui, le peuple turc est favorable à cette prolongation et aux mesures prises par le gouvernement pour accentuer la lutte contre le terrorisme.
« Le gouvernement va procéder aux évaluations nécessaires et prendre les mesures qui s’imposent », a déclaré Erdogan dans un discours prononcé dans son palais présidentiel devant un parterre de responsables provinciaux.