Des raids aériens d’une intensité sans précédent depuis plusieurs mois ont visé les quartiers d’Alep aux mains de l’opposition armée dans la nuit de mercredi à jeudi, rapportent des représentants des insurgés et l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH).
Le Dr Hamza al Khatiba, directeur de l’hôpital Al Qods joint par Reuters, a fait état de 45 morts. Ni l’armée syrienne ni la presse publique n’ont pour le moment évoqué l’opération.
« C’était les raids aériens les plus lourds depuis des mois à Alep. C’était très intense. Il n’y avait pas eu de combat intenses dans ce secteur récemment », a déclaré Rami Abdoulrahman, directeur de l’OSDH.
Selon Zakaria Malahifidji, chef du Fastakim, un groupe rebelle de la ville, il s’agit des raids les plus violents depuis avril. « Il n’y a aucune arme qu’ils n’aient pas utilisée », a-t-il souligné, joint par Reuters en Turquie.
Quinze raids ont visé les deux quartiers d’Alep où le Front du Levant est présent, a précisé un représentant de cette autre composante de l’opposition armée à Alep, qui parle lui aussi de bombardements sans précédent depuis plusieurs mois. « Les Russes veulent une reddition. Ils n’ont pas d’autre solution », a-t-il ajouté.
Alep, première ville de Syrie avant le conflit, en est le principal enjeux, mais les derniers combats se déroulaient surtout dans le quartier des écoles militaires et autour des sites industriels des faubourgs sud-ouest.
S’adressant aux membres du Conseil de sécurité de l’ONU, le secrétaire d’État américain John Kerry a réclamé mercredi l’immobilisation immédiate des avions russes et syriens et s’est dit convaincu qu’il n’y avait pas d’autre moyen de « mettre fin au carnage ».
Le chef de la diplomatie allemande Frank-Walter Steinmeier a lui aussi plaidé jeudi pour l’instauration d’une zone d’exclusion aérienne pendant trois à sept jours pour sauver la trêve négociée par Washington et Moscou. Entrée en vigueur le 12 septembre, elle s’est achevée lundi.
Lumières sur le contingent russe
Par ailleurs, si le nombre de militaires russes basés en Syrie est un secret bien gardé, le dépouillement des bulletins de vote des élections législatives du week-end dernier en Russie donne une idée sans doute assez précise de l’importance du contingent qui soutient Bachar al-Assad.
Si le ministère de la Défense n’a jamais voulu dire combien il y avait de soldats dans la base aérienne de Hmeymime, dans la province de Lattaquié, ou dans la base navale de Tartous, les chiffres de la commission électorale indiquent que 4378 Russes ont voté en Syrie en dehors de Damas, où ils n’ont été que 193 à exercer leur devoir électoral.
Ces chiffres ne permettent pas d’affirmer qu’il s’agit de militaires, mais la plupart des civils russes ont été évacués depuis le début de la guerre civile.
Lors des précédentes élections législatives russes, en 2011, année où la guerre civile a commencé en Syrie, l’agence de presse Ria Novosti avait indiqué que 35 militaires basés à Tartous avaient voté.
Pour les blogueurs russes de la Conflict Intelligence Team (CIT), qui dissèquent les chiffres de l’engagement militaire russe à l’étranger, les résultats électoraux donnent un ordre de grandeur des forces déployées par Moscou en Syrie.
« (Le chiffre de 4378) reflète sans doute assez fidèlement le nombre de soldats en Syrie, car le taux de participation dans les bureaux de vote des bases russes est généralement proche de 100% », souligne CIT.
Interrogé par le site d’information russe RBK le jour du vote, le 18 septembre, le vice-ministre de la Défense Nikolaï Pankov avait déclaré que tous les militaires russes stationnés en Syrie avaient voté.
D’après la commission électorale, 5360 Russes étaient inscrits sur les listes électorales en Syrie. Sur les 4417 bulletins valides, 62,7% étaient en faveur du parti Russie unie de Vladimir Poutine.