Une bonne partie du territoire américain de Porto Rico était plongée dans le noir, jeudi, à la suite d’un incendie dans une centrale électrique qui a provoqué une panne généralisée sur la quasi-totalité du réseau de l’île. De fait, la grande majorité des 3,5 millions d’habitants doivent s’éclairer à la chandelle.
Puisque bon nombre de Porto-ricains ne disposent pas de générateurs, ceux-ci ont été forcés de passer la nuit dans l’obscurité, et sans climatisation malgré la chaleur tropicale. Au réveil, la plupart des entreprises, des commerces et des services publics étaient fermés, alors que les responsables parlent d’un délai de 24 heures avant le retour de l’électricité.
« Porto Rico n’est pas préparée à ce genre d’événement », affirme Celestino Ayala Santiago, 23 ans, qui a dormi dans sa voiture pour profiter de la climatisation, histoire d’échapper à la chaleur.
Des pannes plus petites et plus localisées sont fréquentes à Porto Rico, dont les infrastructures énergétiques sont désuètes, mais pas à cette échelle, sauf en cas de tempête tropicale. « C’est l’apocalypse », lance tout de go Jose Tavela, 43 ans, pendant qu’il déjeune dans un petit café de la capitale équipé d’une génératrice.
Des responsables des services publics ont dit qu’ils tentaient de déterminer la cause de l’incendie qui a éclaté mercredi après-midi à la centrale d’Aguirre, dans la ville de Salinas (sud), et qui a déclenché la panne à grande échelle.
Le sinistre a apparemment endommagé une ligne de transmission qui dessert le réseau électrique principal, ce qui a provoqué une surtension dans des fusibles chargés de couper le courant de façon préventive, a expliqué Yohari Molina, une porte-parole pour l’Agence porto-ricaine de l’énergie.
Lors d’une conférence de presse, le gouverneur Alejandro Garcia-Padilla a déclaré qu’un interrupteur situé à l’endroit où avait éclaté l’incendie avait été correctement entretenu, rejetant les suggestions voulant que la panne découle de problèmes de maintenance qui sont monnaie courante depuis des années, largement en raison des graves problèmes économiques et fiscaux de l’île.
Dès que le courant a manqué, des routes étant habituellement congestionnées ont plongé dans le chaos alors que les feux de circulation s’éteignaient. Les commerces ont fermé leurs portes, de longues files se sont formées devant les stations-service et les chambres des hôtels équipés de génératrices ont été rapidement louées. Plusieurs Porto-ricains ont sorti leur matelas sur leur balcon ou sur leur perron pour passer la nuit à l’extérieur, en faisant ce qu’ils pouvaient pour chasser les moustiques dans l’air immobile.
Javier Quintana, le directeur de l’agence de l’énergie, a mentionné que le courant avait été rétabli chez plus de 130 000 du 1,5 million de clients, tôt jeudi matin, et que le retour à la normale pourrait avoir lieu vendredi.
Selon le gouverneur, toutefois, ce processus sera lent. « Puisque le système est si vieux, plusieurs écueils pourraient surgir, a-t-il dit. Le système n’est pas conçu pour subir une panne de cette ampleur. »
Plusieurs Porto-ricains ont mis en doute les promesses d’un retour rapide de l’électricité, affirmant que le marasme économique avait affecté les services publics de base. Des centaines de personnes se sont tournés vers les médias sociaux pour critiquer l’agence énergétique, plusieurs d’entre elles soulignant qu’ils payaient déjà des factures avoisinant le double de ce qui est exigé, en moyenne, sur le continent américain.
Impossible de connaître l’ampleur des dégâts provoqués par l’incendie, où de savoir où l’agence trouvera l’argent pour effectuer les réparations ou acheter de l’équipement neuf. L’organisme traîne une dette de 9 milliards $ US qu’elle espère restructurer, tout en devant s’extirper d’une série d’allégations de corruption. Au dire de responsables, l’idée consisterait à aller chercher de l’argent frais pour mettre des équipements à niveau.
Les autorités ont par ailleurs indiqué que la panne de mercredi avait entraîné 15 incendies à travers l’île, en raison de génératrices éprouvant des problèmes, y compris à l’hôtel de luxe Vanderbilt, dans la zone touristique de Condado, ainsi que dans le bureau du maire de Catano (nord). Tous ces sinistres ont été éteints et personne n’a été blessé, précise-t-on.