La justice fédérale américaine a retenu mardi dix chefs d’inculpation contre le principal suspect des attentats de New York et du New Jersey, notamment usage d’armes de destruction massive et attentat à la bombe dans un lieu public.
Les procureurs décrivent Ahmad Khan Rahami, un Américain de 28 ans d’origine afghane, comme un djihadiste convaincu qui désirait mourir en martyr et louait al-Qaïda.
Dans un journal manuscrit qu’il portait sur lui au moment de son arrestation, le suspect fait l’éloge d’Oussama Ben Laden et accuse le gouvernement américain de massacrer des combattants islamistes en Afghanistan, en Irak, en Syrie et dans les territoires palestiniens, selon les responsables fédéraux. Il rend aussi hommage à Nidal Malik Hasan, l’auteur d’une attaque sur la base militaire de Fort Hood, au Texas, en novembre 2009, qui a fait 13 morts. « Je demande (à être) martyr et si Dieu le veut cet appel sera entendu », écrit-il dans des notes sur sa capture éventuelle.
Rahami a été interpellé lundi à Linden, dans le New Jersey, à l’issue d’une fusillade dans laquelle il a été blessé, ainsi que deux policiers.
Hospitalisé à Newark, il n’a pas encore fait l’objet d’un interrogatoire approfondi mais pourrait être présenté ce mercredi sur son lit d’hôpital à un juge fédéral qui doit lui notifier les charges qui pèsent sur lui, a annoncé son avocat, David Patton.
Directeur du bureau des avocats fédéraux de New York, Patton a également demandé à pouvoir s’entretenir avec son client. « Le Sixième Amendement exige qu’il ait accès à un avocat et qu’il soit présenté sans délai (à un juge) », écrit-il dans une requête.
Possible prison à perpétuité
Outre la bombe qui a explosé samedi soir à Chelsea, blessant 31 personnes, Rahami est également soupçonné d’avoir déposé l’engin improvisé qui a explosé une dizaine d’heures plus tôt dans la petite station balnéaire de Seaside Park, dans le New Jersey, sans faire de blessé.
Une bombe retrouvée intacte à quelques blocs d’immeuble du lieu de l’attentat à New York et de multiples engins découverts dimanche à la gare d’Elizabeth, dans le New Jersey, lui sont également attribués.
L’exploitation des vidéos de surveillance et l’analyse d’empreintes retrouvées sur certains engins non explosés le mettent en cause, selon la justice américaine. Une vidéo retrouvée sur son téléphone, et enregistrée deux jours avant les attentats devant sa maison du New Jersey le montre en train d’allumer une mèche reliée à un cylindre à demi-enterré, rempli de matériaux inflammables.
Un compte associé à son nom sur le site de commerce en ligne eBay témoigne d’achats de produits chimiques, de circuits électroniques et de roulements à billes correspondant aux engins explosifs des attentats. Le suspect regardait sur son téléphone des vidéos des réseaux djihadistes, rapportent en outre les enquêteurs.
Les chefs d’utilisation d’armes de destruction massive (un émanant du parquet de New York, deux de celui du New Jersey) sont passibles de la prison à perpétuité. Au niveau local, Ahmad Khan Rahami est aussi accusé par la justice de l’État du New Jersey de tentative de meurtre sur cinq policiers et de port d’arme illégal.
Son père, Mohammad Rahami, a déclaré mardi avoir alerté le FBI en 2014 quant aux liens de son fils avec des mouvements radicaux. « J’ai appelé le FBI il y a deux ans », a dit Mohammad Rahami, parlant à des journalistes depuis le restaurant familial d’Elizabeth, dans le New Jersey, à 30 km à l’ouest de New York. Le FBI a confirmé avoir ouvert à l’époque une enquête à son égard mais a ajouté que les investigations n’avaient pas établi de « liens terroristes » et qu’elles avaient été par la suite abandonnées.
Après avoir hésité à caractériser les attentats, la Maison-Blanche a annoncé mardi que les bombes de New York et du New Jersey paraissaient constituer des « actes de terrorisme ». « Il semble que cela ait été un acte de terrorisme », a déclaré le porte-parole de la Maison-Blanche, Josh Earnest.