Des milliers de personnes ont fui un camp de migrants installé sur l’île grecque de Lesbos ravagé par un incendie dans la nuit de lundi à mardi alors que des heurts avaient éclaté entre les occupants, a annoncé la police grecque.
L’Agence des Nations unies pour les réfugiés (HCR) a estimé que l’incendie était le résultat de la précarité des conditions de vie dans le camp et de l’incertitude qui pèse sur l’avenir des réfugiés.
« L’incendie d’hier soir est le symbole de l’insuffisance de la réponse européenne à la crise des réfugiés », a renchéri Panos Navrozidis, directeur du Comité international de secours (IRC) en Grèce.
À Athènes, un responsable de la police a indiqué que deux brigades de policiers anti-émeutes avaient été envoyées sur l’île pour ramener le calme.
La cause exacte de l’incendie reste inconnue. Selon la presse grecque, les affrontements se sont produits après une rumeur selon laquelle plusieurs centaines de personnes allaient être expulsées du camp de Moria.
Le camp est détruit à près de 60% et presque tout le monde a évacué le site, notamment les enfants non accompagnés qui ont été relogés dans d’autres camps, a déclaré un policier ayant requis l’anonymat.
Selon le ministre grec chargé de la police, Nikos Toskas, environ 150 tentes ont été brûlées et les autorités ont commencé dès mardi à en installer de nouvelles.
Au moins neuf personnes ont été arrêtées pour dégradation de biens et troubles à l’ordre public et certaines d’entre elles devraient être présentées à un juge, a déclaré un responsable de la police à Athènes.
Plus de 5700 réfugiés et migrants se trouvent sur l’île de Lesbos, bloqués par l’accord conclu en mars dernier entre l’Union européenne et la Turquie qui les empêche d’aller plus loin tant que leur demande d’asile n’est pas traitée. Ceux dont le dossier est rejeté sont refoulés vers la Turquie. « Ils ne savent pas quand leur demande d’asile sera traitée; certains estiment ne pas avoir suffisamment d’information », a déclaré Roland Schönbauer, un porte-parole du HCR en Grèce. « L’attente les rend malades. »
Selon Panos Navrozidis, de l’IRC, le traitement préférentiel dont bénéficient certaines nationalités pendant l’examen « opaque et incohérent » de leurs demandes a aussi accru les tensions entre groupes de réfugiés.
Malgré le ralentissement des arrivés de Turquie par rapport à l’an dernier, plus de 13 500 migrants et réfugiés vivent dans les îles de la mer Égée, pour une capacité de 7450.
Au total, en comptant les îles, 60 000 migrants et réfugiés sont bloqués en Grèce, pour la plupart de nationalité syrienne, irakienne ou afghane.