Les forces irakiennes ont lancé mardi une opération visant à reprendre à l’État islamique la ville de Chirkat, dans le nord du pays, à une centaine de kilomètres au sud du principal fief des djihadistes, la grande ville de Mossoul.
Située au bord du Tigre, Chirkat est totalement encerclée par l’armée irakienne et par des milices chiites alliées au gouvernement de Bagdad et soutenues par l’Iran.
On évalue à plusieurs dizaines de milliers le nombre de civils pris au piège à l’intérieur de la ville. Les autorités préviennent depuis plusieurs mois de l’imminence d’une catastrophe humanitaire dans la ville, où la nourriture vient à manquer.
Les soldats irakiens, appuyés par la police et par des combattants de tribus sunnites, ont pris position mardi le long de cinq axes et ont progressé à l’intérieur de cinq localités, mais à la mi-journée, ils se trouvaient toujours à 13 km du centre de Chirkat, a dit le maire de la ville et une source au sein du Commandement des opérations de Salahoudine, qui supervise les mouvements de troupes dans la région. Les militaires disent avoir rencontré peu de résistance jusqu’à présent, si ce n’est des bombes posées le long des routes. Les forces de sécurité ont neutralisé plusieurs « snipers » et désactivé des voitures piégées, ont rapporté les médias irakiens.
Les forces irakiennes ont dans le même temps entrepris de reprendre deux zones d’une autre province, Anbar, a déclaré le premier ministre irakien, Haïdar al Abadi.
« Ces opérations préparent le nettoyage de chaque centimètre du territoire irakien et, si Dieu le veut, elles finiront par la libération de la ville de Mossoul (…), la libération de toutes les terres irakiennes et la fin de Daech », a déclaré le chef du gouvernement, présent à New York pour l’Assemblée générale des Nations unies.
Mossoul, la forteresse
Haïdar al Abadi a promis de reprendre Mossoul, où l’EI a proclamé son « califat » en 2014, d’ici la fin de l’année, et des commandants militaires ont évoqué un début des opérations dès la seconde quinzaine d’octobre.
Le président américain, Barack Obama, qui a rencontré lundi Haïdar al Abadi à New York, a dit espérer un progrès des opérations de Mossoul face à l’EI d’ici la fin de l’année.
Pour se préparer à cette offensive, les djihadistes ont creusé une tranchée autour de la ville, érigé des murs en béton autour de certains quartiers et creusé un réseau de tunnels qui leur servira à s’abriter des bombardements aériens et à lancer des attaques, ont rapporté des habitants.
D’après ces habitants et des responsables municipaux qui ont fui Mossoul, la tranchée fait deux mètres de profondeur et de large et des réservoirs de pétrole ont été placés à proximité pour créer une rivière de feu destinée à ralentir la progression des troupes au sol et à entraver la surveillance aérienne.
« Les tranchées, les tunnels et les kamikazes ne sauveront pas Daech de la défaite mais ils rendront la bataille encore plus difficile », a commenté Sabah al Noumani, porte-parole des forces antiterroristes irakiennes. « Nous pensons que les combattants de Daech vont se battre jusqu’au dernier pour conserver Mossoul. »
En creusant la tranchée, l’EI s’est néanmoins laissé un passage ouvert vers l’ouest et la Syrie dans le cas où il déciderait finalement d’abandonner la ville, ont dit les habitants.
Sur des photos montrées par ces habitants à Reuters, on voit des blocs de béton érigés au travers des grands axes de Mossoul. Des camions transportant des blocs similaires ont été vus au début du mois prenant la direction de l’aéroport situé dans les faubourgs sud de la ville.
Les djihadistes « veulent rendre l’aéroport inutilisable », a dit un colonel de l’armée irakienne, Mohamed Adnan al Taïe, précisant qu’ils avaient utilisé une tactique similaire avant de fuir la base aérienne de Kayyara, à 60 km au sud de Mossoul. Des travaux auxquels participe l’armée américaine ont été entrepris pour remettre les pistes de la base en état afin de s’en servir comme plate-forme logistique pendant l’offensive à venir contre Mossoul.