Emmanuel Macron a démissionné mardi du gouvernement en promettant de « tout faire » pour transformer la France dès 2017, sans cependant dire s’il serait candidat à l’élection présidentielle du printemps ou à la primaire socialiste.
Michel Sapin, un des principaux hommes de confiance de François Hollande, reprend son portefeuille de ministre de l’Économie, tout en conservant celui des Finances.
Dans son discours de départ de Bercy, Emmanuel Macron s’est dit convaincu que les Français rendraient justice à François Hollande « d’avoir fait face à des difficultés exceptionnelles et d’avoir pris ses responsabilités », tout en exprimant des frustrations.
Au gouvernement, « j’ai touché du doigt les limites de notre système politique : il pousse à des compromis de dernière minute (…), il fait la part belle aux peurs des uns et des autres (…), il produit des solutions imparfaites », a-t-il dit.
« J’ai parfois échoué à faire partager la nécessité que j’éprouvais de poursuivre et même d’amplifier notre travail de transformation en profondeur de notre économie », a-t-il ajouté, une référence à des arbitrages en sa défaveur de François Hollande et du premier ministre Manuel Valls.
Selon la porte-parole de son mouvement politique, « En Marche ! », Emmanuel Macron n’a pas l’intention de dire dans l’immédiat s’il sera candidat à la présidentielle.
Il veut établir un diagnostic, qui sera présenté fin septembre, puis faire des propositions. Ensuite viendront « les questions de personnes », a ajouté Julie de La Sablière. Alain Tourret, député radical de gauche et proche d’Emmanuel Macron, a dit à Reuters: « Son départ du gouvernement, c’est pour être candidat. Il a toujours dit ‘j’irai jusqu’au bout’. »
Macron refusait les règles
Autre proche, le député PS Richard Ferrand a déclaré que « s’il devait être candidat, il ne serait pas candidat via des primaires, puisqu’il en désapprouve le principe ».
Selon l’entourage de François Hollande, Emmanuel Macron a démissionné pour se consacrer à son mouvement et parce qu’il ne voulait plus se conformer aux règles fixées par le chef de l’État pour rester au gouvernement.
« Le président de la République avait fixé des règles très claires, qu’il avait encore rappelées le 14 juillet, par rapport à la cohérence et l’efficacité de l’action gouvernementale », a-t-on ainsi expliqué à l’Elysée. « Et comme Emmanuel Macron voulait se consacrer entièrement à son mouvement politique, il ne pouvait plus, il ne voulait plus se conformer à ces règles. » Selon la même source, Emmanuel Macron a vu le président lundi matin pour lui faire part de sa réflexion quant à son mouvement politique.
« Mais à ce moment-là, il n’avait pas pris de décision quant à son avenir », a ajouté cette source. « Ce matin, il a appelé le président de la République pour lui faire part de sa démission. »
Son remplacement à l’Économie par Michel Sapin, « c’était la solution la plus simple et la plus efficace », fait-on par ailleurs valoir dans l’entourage présidentiel. « Sapin, c’est le choix de l’efficacité avec un pilotage unique de Bercy. » Dans les rangs socialistes, des voix critiquent le départ d’Emmanuel Macron, qui n’est cependant pas une surprise, tant elle paraissait inéluctable depuis plusieurs mois.
« Pagaille »
« C’est une décision incompréhensible », a dit le député PS Dominique Lefebvre à Reuters. « Ça apparaît comme une aventure individuelle. Je trouve cette démission regrettable et je ne vois pas quelle perspective elle ouvre. »
« Je suis absolument en désaccord avec l’analyse et la stratégie d’Emmanuel Macron. Je ne crois pas qu’il y ait de salut à gauche en dehors de défendre le bilan du gouvernement », a-t-il ajouté.
Dans l’opposition, des candidats à la primaire de la droite pour la présidentielle ont également fustigé cette décision.
« La France est attaquée de toutes part et le ministre de l’Économie démissionne », a dit Nicolas Sarkozy. « Qu’est-ce qui justifie cette pagaille supplémentaire ? » « Voilà un homme qui a été le principal collaborateur de François Hollande, qui a préparé tous ses discours, qui a mis en oeuvre sa politique (…) Et maintenant, il vient nous dire après quatre ans passés, dont un peu plus de deux ans comme ministre de l’Économie, qu’on s’est trompé », a-t-il ajouté.
François Fillon a vu dans cette démission « le signe de la fin d’une imposture idéologique, celle d’un François Hollande élu sur une politique de gauche, conseillé par Emmanuel Macron et qui a tenté ensuite, et bien tard, un virage social-libéral qui se termine par la démission d’Emmanuel Macron, c’est-à-dire par un échec. »
La présidence de la République a dans le même temps annoncé la démission de la ministre des Outre-mer, George Pau-Langevin, « pour des raisons personnelles » et son remplacement par Ericka Bareigts, jusqu’alors secrétaire d’État à l’Égalité réelle.